Des filles trimballées partout au pays
Le signalement de Québécoises est en hausse en Alberta et toujours aussi présent à Toronto
Le Québec est une des quatre plaques tournantes de la traite de personnes au Canada, et le phénomène prend de plus en plus d’ampleur puisque le corridor de cette industrie illégale s’étend jusqu’en Alberta.
Alors que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a récemment mené une offensive contre l’exploitation sexuelle lors d’événements d’envergure internationale au Québec, l’attrait des jeunes femmes québécoises s’étend à la grandeur du pays. «Il y a de nombreuses filles du Québec qui sont victimes de la traite ici», confirme la détective Adena Warren, au département de la police de Calgary.
SIGNALEMENT EN HAUSSE
L’unité contre les crimes sexuels constate d’ailleurs une augmentation des signalements au sujet de Québécoises. Cette hausse pourrait bien être le résultat d’une sensibilisation efficace. En effet, la détective travaille auprès de témoins potentiels du fléau, tels que des hôteliers et les compagnies aériennes. «Il y a alors plus de signalements d’activités suspectes», enchaîne-t-elle. Plusieurs proxénètes impliqués sont originaires du Québec, soutient la détective Warren.
En 2013, un rapport de la GRC dévoilait que la majorité des 132 dossiers de traites de personnes au pays se déroulaient en Ontario (78) et au Québec (40). Sur la quarantaine au Québec, une trentaine sont de Montréal et les autres, de Québec, Longueuil, Gatineau et Laval.
Les déplacements interprovinciaux s’effectuent de l’ontario, du Québec, de la Colombie-britannique et de l’alberta. Les victimes sont principalement déplacées dans les provinces voisines.
En Ontario, la problématique sévit toujours, indique le sergent détective Nunzio Tramontozzi, de l’unité des crimes sexuels et traite de personne de la police de Toronto. «Nous avons de nombreuses enquêtes sur des filles qui sont venues du Québec à Toronto, forcées de travailler dans le commerce du sexe et des filles de Toronto qui ont été emmenées au Québec pour la même chose», informe-t-il.
PLUS DE 336 000$ PAR ANNÉE
Ce «marché» favorise le contrôle des pimps sur les filles. «Ils les trimballent de ville en ville et de province en province. Elles sont loin de leurs proches et ne peuvent obtenir leur aide. Spécialement quand tu fais partie des filles du Québec, puisqu’elles parlent seulement français», poursuit-il. Par ailleurs, une seule fille peut rapporter 336 000 $ annuellement dans cette industrie. «Et les gangs peuvent gérer de 15 à 20 filles», laisse tomber le détective Tramontozzi.