Le Journal de Quebec

LA MAGIE N’A PAS SUFFI

Sergio Pessoa fils rate son rendez-vous avec son Brésil natal

- Alain bergeron

RIO DE JANEIRO | En voyant son fils s’avancer sur le tapis de judo de son Brésil natal, la mère de Sergio Pessoa avait qualifié la journée d’hier de «magique». Un mauvais sort a modifié leur bonheur après cinq minutes, mais l’histoire commencée dans un hôpital de São Paulo en 1988 survivra.

Même en voyant leur fiston plier bagage après son premier combat contre le Géorgien Amiran Papinashvi­li, l’occasion était belle pour Claudia et Sergio père de remonter à cette journée du 3 septembre 1988. Des complicati­ons à l’accoucheme­nt et l’inquiétude du papa, qui s’envolait le lendemain pour participer au tournoi olympique de judo des Jeux de Séoul, allaient marquer l’entrée dans la vie du petit Sergio fils.

D’autant plus que ses parents attendaien­t une fille!

«Nous n’avions réfléchi qu’à des prénoms de fille. Après des difficulté­s à l’accoucheme­nt et quand j’ai vu que Sergio était triste de devoir partir, ma soeur m’a suggéré: pourquoi ne l’appellerie­zvous pas Sergio fils? J’ai répondu tout de suite: c’est une bonne idée. C’est comme ça que Sergio fils est arrivé», raconte Claudia, qui a regardé le combat d’hier du bout de son siège.

DIFFICILE DE SE CONTENIR

Dans l’espoir d’offrir un avenir meilleur à leurs trois enfants, les Pessoa ont quitté São Paulo en 2004 pour s’établir d’abord à Kedgwick, au Nouveau-brunswick, où un poste d’entraîneur dans le club local de judo attendait Sergio père.

Deux années plus tard, ils ont ensuite emménagé à Brossard avant d’obtenir leur citoyennet­é canadienne en 2007.

Les grands-parents et la parenté brésilienn­e des Pessoa étaient éparpillés aux quatre coins du Carioca Arena. Le Team Pessoa bien en vue au dos de leur gilet blanc et rouge, on les a vus se lever pour saluer leur préféré durant la présentati­on. «C’est plus difficile pour moi ici que ça l’était aux Jeux de Londres, a avoué le père. En 2012, je l’accompagna­is comme entraîneur sur le tapis. Mais ici, dans les gradins, ça me stresse. Je ne peux pas voir réellement comment il se sent.» «Pour eux, c’est sûr que ce doit être difficile de me voir perdre dès mon premier combat, mais ils savent ce que c’est, le judo. Mon père a participé aux Jeux olympiques et il est déjà passé par des moments comme celui-là. Ma famille connaît les Jeux. Ce matin [hier], je pensais pourtant que ça allait être ma journée», a dit l’athlète de 27 ans, qui a aussi été sollicité par des médias brésiliens à sa sortie de scène.

« LA DESTINÉE »

Éprouvé par deux blessures majeures à un genou depuis les Jeux de Londres, Pessoa avait réussi l’impossible en devenant le dernier concurrent à se qualifier pour le tournoi olympique de Rio dans la catégorie des 60 kg.

Malgré le trop court moment, les Pessoa ont quitté l’amphithéât­re sans amertume. En parvenant à se qualifier pour les Jeux olympiques sur sa terre natale, Sergio fils avait déjà comblé sa mère.

«La déterminat­ion qu’il a démontrée pour venir jusqu’ici me rend fière. Deux Sergio avec moi, tous les deux qui ont participé à des Jeux olympiques et tous les deux dans la même catégorie, ce doit être ce qu’on appelle la destinée…», résume Claudia.

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Devant ses parents, Sergio et Claudia ( en bas), Sergio Pessoa fils a connu une très courte sortie aux Jeux de Rio.
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