Le parcours d’une fille meurtrie
Qualifié par la critique américaine de «croisement entre Gone Girl, Cosmo et Sex and the City », le premier roman de Jessica Knoll, American Girl, a figuré dès sa sortie sur la liste des best-sellers du New York Times. Et pour cause: l’histoire de son hér
Alors qu’elle étudiait à la prestigieuse Bradley School, Tifani Fanelli a subi un viol que tout le monde a mis en doute. Lors d’une deuxième soirée, elle a résisté et créé un scandale. Ceux qui étaient les plus en vue de l’école – les populaires – ne se sont pas gênés pour l’ostraciser. Elle en est sortie meurtrie, trahie, révoltée.
Un peu plus tard, une fusillade éclate dans l’établissement et fait plusieurs victimes. Elle a été orchestrée par un autre «paria» dont elle s’était rapprochée. Soupçonnée de complicité, elle doit lutter contre les accusations et en ramer un coup pour s’en sortir.
Hantée PAR LE PASSÉ
Quelques années plus tard, Tifani a réussi: elle a un boulot glamour, une garde-robe de princesse et un fiancé beau, riche, compréhensif, totalement aimant. On l’imagine nager en plein bonheur dans une vie parfaite – celle pour laquelle elle a travaillé si fort. Mais il y a un hic: son passé ne cesse de la hanter.
«J’ai toujours voulu écrire un roman. Je sentais que j’allais un jour trouver l’histoire que je voulais raconter», dit Jessica Knoll en entrevue. «J’ai fini par tisser dans la fiction plusieurs éléments de ma vie personnelle et de mon propre passé, dans une trame narrative beaucoup plus large. Je voulais parler de la modernité au féminin, de la pression qui pousse les femmes à adopter un certain look, à se marier, et comment ce mode de vie plutôt traditionnel subsiste dans notre monde moderne.»
Elle souhaitait examiner comment ces éléments convenus et attendus surgissent et poussent les femmes à prendre des décisions qui, peut-être, ne les rendront pas heureuses. Mais elles les pren- nent de toute manière, parce que c’est ce que la société exige. «Je voulais regarder les différents stades de la vie d’une femme à la fin de la vingtaine, lorsqu’on commence à prendre les grandes décisions de notre vie. De quoi ont l’air ces décisions et comment vont-elles influencer le trajet de notre vie?»
TRISTES FAITS VÉCUS
Après la sortie du roman, Jessica Knoll a finalement dévoilé ce qui s’était réellement passé quand elle avait 15 ans: un viol. Ainsi que la façon dont son entourage a réagi et les comportements des autres étudiants. «J’en ai largement parlé dans un essai que j’ai écrit pour (le site) Lenny Letter. J’ai révélé, il y a quelques mois, ce qui était tiré de ma propre vie», commente-t-elle en entrevue. Dans cet essai, elle écrit ceci: «Je suis une savante du mode survie».
Jessica n’est pas Ani, mais elle a créé ce personnage en toute lucidité. Elle connaît l’univers glamour dans lequel elle évolue, puisqu’elle a travaillé pendant cinq ans pour le magazine Cosmopolitan. «Sa voix m’est apparue tout naturellement. Je n’ai pas eu à chercher tellement l oin pour lui donner vie. Elle m’est apparue très vivante, je m’y retrouvais beaucoup et j’y retrouvais plusieurs femmes que je connais. Je voulais vraiment qu’elle soit un exemple des doubles natures que beaucoup de femmes ressentent, c’est-à-dire, ce qu’on montre au monde en étant à notre meilleur, et ce qui se passe à l’intérieur de notre tête, et qui est parfois beaucoup plus sombre. Il y a des choses qui ne seraient pas toujours polies à dire à haute voix!»
» Jessica Knoll travaille présentement à l’adaptation cinématographique de son roman, qui sera produite par Reese Witherspoon.