Des Lave-vaisselle De LUXE À La prison D’orsainville
Les contribuables lavés de 300 000 $ en deux ans
Pour les agents correctionnels, c’est «une aberration» que le gouvernement ait dépensé autant d’argent pour deux lave-vaisselle plutôt que de sécuriser ses prisons après les évasions de détenus en hélicoptère de 2013 et de 2014.
«Ça représente malheureusement la gestion tout croche dans le secteur correctionnel», a commenté le président de leur syndicat, Mathieu Lavoie.
«Ils trouvent de l’argent pour remplacer un lave-vaisselle neuf et payer des avocats pour des poursuites, mais quand on leur demande d’améliorer la sécurité dans les prisons, ils nous répondent qu’on est en période d’austérité», a-t-il ajouté.
Il a rappelé que les négociations avec l’état afin de renouveler la convention collective des 2800 gardiens de prison reprennent en septembre.
«On va les attendre dans le détour.»
435 000 $ POUR DES FILETS
Québec a défrayé 435000$ pour installer des filets dans les cours extérieures de cinq de ses centres de détention, à la suite de l’évasion en hélicoptère de deux prisonniers à Saint-jérôme, en 2013, et de trois autres à Orsainville, en 2014.
Or, à la note de 300000$ pour les deux lave-vaisselle installés à la prison d’orsainville, la SQI (Société québécoise des infrastructures) a versé des dizaines de milliers de dollars aux divers sous-entrepreneurs embauchés pour l’achat et l’installation de ces appareils. Elle a aussi payé deux avocats pour piloter le recours qu’elle a intenté en justice.
La SQI s’est également payé les services de l’ingénieure Sylvie Savoie à titre de «témoin expert» durant ces procédures judiciaires.
Mme Savoie a reçu la somme de 37000$ pour ses services. Elle a rédigé un volumineux rapport où elle estime que la SQI était justifiée de remplacer le lave-vaisselle Champion après deux ans d’utilisation puisque l’appareil était devenu «impropre à l’usage auquel il était destiné».
Mais la juge a rejeté sa conclusion en la qualifiant d’«impensable», en l’absence de vice de fabrication.
De plus, le tribunal a noté que l’ingénieure avait «un parti pris favorisant la demanderesse».
55 000 $ POUR SA DÉFENSE
Pour se défendre contre la SQI, Julien Pelletier, le cuisiniste professionnel qui avait suggéré d’acheter le modèle Champion, a dû débourser 55 000 $ en frais d’avocats. «C’est pas des fonds publics, ça. J’ai payé de ma poche parce que je n’avais pas d’assurances», a-t-il réagi. D’après lui, les honoraires d’avocats que lui et les autres défendeurs ont dû payer dans cette affaire «dépassent probablement le coût de la réclamation de la SQI».
Des sommes qui ne leur seront pas remboursées, même si la juge les a absous de toute faute.
«J’ai 82 ans et je suis en fin de carrière, a dit M. Pelletier. Je fais des plans de cuisine depuis 1964. Ce n’était pas mon premier contrat avec le gouvernement. Mais c’est la première fois que ça m’arrivait.»