L’interculturalisme en été…
Il était autour de minuit quand Kathleen Weil m’est pour ainsi dire apparue. Ce n’était pas un cauchemar ni un rêve érotique, rassurez-vous.
J’ai pensé soudainement à la ministre de l’immigration, de la Diversité et de l’inclusion (sic) en relisant L’état des lieux, de Richard Ford.
Ironique, le romancier américain évoque au passage les organisations destinées aux «groupes qui s’ignorent» et s’étonne de leur prolifération.
DIVERSITÉ
Ça m’a fait penser qu’au Québec, malgré des difficultés budgétaires chroniques, l’état pseudo-providentiel cherche ardemment à satisfaire ceux dont il est sans nouvelles et à qui il impute des besoins variés, notamment en matière de «diversité».
Ce concept est plus en vogue à Montréal qu’à Riyad ou à Casablanca, mais les mystères de l’occident seront sans doute éclaircis un jour.
Les bureaucrates ont divers moyens pour débusquer les malheureux qui pourraient avoir besoin de leur aide, et donc de la nôtre.
L’un d’eux est d’une infaillibilité éprouvée et se nomme tout simplement l’«appel de projets». Il s’agit d’inviter des groupes à se constituer, à s’organiser, à les payer ensuite, et, le cas échéant, à les abonner au soutien gouvernemental dans la catégorie «communautaire».
Voilà qui complique généralement la réduction des dépenses, mais qu’importe: on sait depuis des années que l’important, c’est le bonheur du peuple.
C’est en vertu de cette généreuse dynamique que Mme Weil a lancé le programme «Mobilisation Diversité», une appellation énergique qui invite à tendre la main.
On ne nous l’avait pas dit très, très clairement, mais le Québec a maintenant des «objectifs de diversité». Il offre donc tout ce qu’il peut pour «accompagner toutes les familles québécoises, d'ici et d'ailleurs, sur le chemin de l'ouverture à la diversité et de la compréhension interculturelle».
PUDEUR ET HUMIDEX
Ces jours-ci, embrasser la diversité voudrait dire que l’on applaudit au port du burkini dans les lieux publics de baignade; les femmes musulmanes ont beau être égales aux hommes, leurs obligations de pudeur tiennent toujours, peu importe le facteur Humidex.
Le ministère de Mme Weil estime tout de même que la société québécoise doit se réjouir de la «multiplicité des appartenances». Mettons…
Nos experts ajoutent brillamment que «le défi d’une société interculturelle est d’abord un défi collectif». Autrement dit, ne portez pas seul le poids du désarroi devant le destin de la société québécoise, quelqu’un vous viendra en aide éventuellement…
À Laval, on relève ce défi en versant la moitié des 400 000 $ du programme «Mobilisation Diversité» destiné aux xénophiles de l’île Jésus.
Selon le communiqué officiel, Laval veut ainsi «favoriser l’établissement durable des personnes immigrantes et assurer leur pleine participation, en français, au développement collectif».
Une balade au Carrefour Laval vous donnera une idée du succès de l’opération. Le quartier Chomedey est le berceau de l’inculturalisme local, mais, étrangement, le français y est facultatif depuis cinquante ans…
Les demandeurs de fric ont jusqu’au 2 septembre pour remplir les formulaires requis. Parions qu’ils seront nombreux…