Moins de travailleurs étrangers, moins de légumes
La venue des travailleurs étrangers est essentielle pour la survie des fermes puisqu’ils viennent occuper des postes saisonniers dont les Québécois ne veulent pas et permettent même la création d’emplois spécialisés en agriculture.
«Sans eux, nous n’aurions plus de produits québécois. Les agriculteurs ont le choix de prendre des travailleurs étrangers ou c’est la faillite ou la fermeture de leurs entreprises», insiste Denis Hamel, directeur général de la Fondation des entreprises en recrutement de la main-d’oeuvre agricole étrangère (FERME).
«L’année avant que je décide de m’inscrire au programme de travailleurs étrangers, j’étais sur le point de tout vendre et d’aller jouer de la guitare dans le métro. J’avais perdu pour 50 000 $ de choux-fleurs dans le champ parce que tous mes travailleurs étaient partis avant la fin de la saison», se désole Pascal Forest, producteur de légumes de Lanaudière.
60 HEURES PAR SEMAINE
C’est pourquoi quelque 9000 Mexicains et Guatémaltèques viennent prêter main-forte aux agriculteurs pour faire des travaux non spécialisés, le temps des récoltes.
«Si cinq travailleurs guatémaltèques font 60 heures par semaine, il me faudrait trouver 15 Québécois pour combler ces 300 heures», compare Robert Ouellet, d’agricarrières, une agence de placement de travailleurs agricoles locaux dans la région de Montréal.
Les travailleurs étrangers sont fiables, travaillants et acceptent de travailler de longues heures selon les besoins. Ils sont payés au salaire minimum, un montant raisonnable pour eux, mais qui permet aussi de maintenir les aliments à des prix compétitifs en supermarché.
«Je ne peux pas payer des Québécois à 20$ de l’heure pour ramasser mes asperges. Plus personne ne va vouloir les acheter au prix qu’elles vont être en épicerie. Les gens vont se tourner vers les asperges du Mexique si les miennes sont trop chères», soutient René Riopel, agriculteur de Lanaudière.
CRÉATION D’EMPLOIS
La présence de ces travailleurs permet aussi de créer de meilleurs emplois pour les Québécois. «On estime qu’un travailleur étranger crée deux emplois spécialisés, que ce soit agronome, mécanicien agricole, ou des boulots liés à la transformation alimentaire comme la congélation ou la mise en conserve», mentionne M. Hamel.
Le monde agricole est aussi une «machine à créer des chômeurs» sans les travailleurs étrangers. Comme les emplois à combler sont saisonniers, c’est-à-dire qu’ils ne sont nécessaires que durant quatre à six mois, les travailleurs québécois qui ont ces emplois sont souvent en chômage durant la saison morte.
«Ils ne sont pas des voleurs de jobs. Les travailleurs étrangers viennent régler un problème de pénurie de main-d’oeuvre et repartent. On ne crée donc pas de chômeurs. De leur côté, ils font des sous et améliorent leurs conditions de vie. C’est donnant-donnant», soutient Alain Jacques, directeur général d’arimé Canada, une agence de recrutement en main-d’oeuvre étrangère.