Le Journal de Quebec

Une gardienne libérée des crocs d’une lionne par un collègue

L’employée du Zoo de Granby souffre d’une fracture cervicale et de lacération­s

- Frédérique Giguère l Fgiguerejd­m frederique.giguere@quebecorme­dia.com

GRANBY | Une jeune employée du Zoo de Granby violemment attaquée par la lionne dont elle prenait soin doit vraisembla­blement la vie à un de ses confrères, qui est rapidement intervenu pour que la bête la relâche.

«Il (l’animal) la secouait de gauche à droite comme un jouet, comme une proie», a soutenu hier un travailleu­r, qui a préféré taire son nom pour protéger son emploi.

Dans des circonstan­ces encore nébuleuses, la gardienne et une lionne se sont retrouvées face à face, au pavillon Afrika, vers 9 h hier matin, alors que les employés et les félins ne sont pas censés avoir de contact direct.

La bête sauvage s’est alors ruée sur la jeune femme avant d’enfoncer ses crocs dans son cou. Ses griffes auraient également laissé des traces sur les jambes de l’employée.

Son collègue a aspergé la lionne d’eau et de gaz, et elle a presque instantané­ment lâché sa victime.

«Si l’autre gardien n’était pas intervenu, elle serait morte, a confié une autre employée sous le couvert de l’anonymat. Il a su garder son sang-froid et il a fait exactement ce qu’on apprend dans nos formations.»

À la suite de cet épisode sanglant survenu une heure avant l’ouverture du Zoo, la direction aurait «fortement suggéré» aux employés de ne pas parler de l’attaque aux journalist­es ni aux visiteurs, selon des membres du personnel rencontrés par Le Journal. Très peu d’informatio­ns ont donc été divulguées quant aux circonstan­ces exactes de la tragédie.

PAS DE CONTACTS

L’enclos où vivent les trois lions du Zoo est composé de cages dont les portes s’ouvrent et se referment avec un système de poulies, selon ce qu’il a été possible d’apprendre sur les lieux. La victime, dans la vingtaine, qui travaille au Zoo depuis 2011, se trouvait dans les cages intérieure­s pour donner les soins quotidiens aux bêtes. Elle serait une habituée des lions.

«Les employés et les lions n’ont généraleme­nt pas de contacts directs, des barrières les séparent constammen­t», a indiqué Hélène Bienvenue, porte-parole du Zoo de Granby. C’est au moment où les lions s’apprêtaien­t à être transférés vers l’enclos extérieur pour accueillir les visiteurs que le drame s’est produit.

La gardienne a été envoyée d’urgence à l’hôpital de Granby avant d’être transférée au CHUS de Sherbrooke, puisqu’elle nécessitai­t des soins chirurgica­ux surspécial­isés. Elle a subi une fracture cervicale et de nombreuses lacération­s, mais sa vie n’est pas en danger, a souligné hier Paul Gosselin, le directeur général du Zoo.

Rencontrée hier dans la salle d’attente des soins intensifs, la famille de la victime a demandé à ce qu’on respecte l’intimité et l’anonymat de la jeune femme.

Le système de poulies dans l’enclos des lions a-t-il fait défaut? Une erreur humaine est-elle à l’origine de l’attaque? C’est ce que les autorités tenteront d’établir dans les prochaines semaines.

La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a dépêché un inspecteur sur les lieux.

Il s’agit de la pire tragédie à survenir au Zoo de Granby ces dix dernières années, a conclu Mme Bienvenue.

« [L’ANIMAL] LA SECOUAIT DE GAUCHE À DROITE, COMME UN JOUET, COMME UNE PROIE » – Un employé qui a requis l’anonymat

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Le Zoo a accueilli les visiteurs hier malgré l’attaque d’une lionne (semblable à celle en mortaise). Les lions ont toutefois été confinés dans les cages intérieure­s afin d’assurer la sécurité du public.
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