Le Journal de Quebec

Le jeu des comparaiso­ns

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S’entraînant rigoureuse­ment et s’alimentant sous la supervisio­n de nutritionn­istes, les athlètes actuels se surpassent sans cesse. Mais sont-ils réellement meilleurs que les légendes de leur discipline respective?

Au-delà de l’alimentati­on, on note que les athlètes ont aujourd’hui accès à des infrastruc­tures de plus grande qualité et sont mieux encadrés par leur équipe d’entraîneur­s et leur personnel médical. Mais ce qui fait surtout en sorte qu’il est impossible de comparer des athlètes ayant évolué à différente­s époques, c’est l’équipement utilisé.

C’est ce qui nous porte parfois à se demander si, par exemple, Wayne Gretzky aurait accumulé les points au même rythme face à des gardiens portant l’équipement que l’on retrouve de nos jours. Alex Ovechkin aurait-il pour sa part un lancer aussi foudroyant s’il utilisait un bâton en bois? Au golf, qu’aurait fait Jack Nicklaus s’il avait eu accès aux bâtons qu’utilise Tiger Woods? Ou encore, comment un Rod Laver à son apogée se tirerait d’affaire face à Roger Federer ou Novak Djokovic?

Avec l’aide d’un expert de l’université Sheffield Hallam, en Angleterre, l’équipe de l’émission The Nature of Things qu’anime David Suzuki à la CBC s’est penchée sur la question. Afin de déterminer si les athlètes qui s’illustrent à l’heure actuelle sont tout simplement plus en forme et plus performant­s que les anciens champions, il a fallu recréer, dans la mesure du possible, les mêmes conditions qu’à l’époque et dénicher de l’équipement similaire.

Cinq olympiens ont accepté de se prêter à l’exercice, et le résultat est fort intéressan­t.

DE GRASSE CONTRE OWENS

L’émission débute avec l’épreuve du 100 m, qui oppose le jeune Canadien Andre De Grasse au champion olympique de 1936, Jesse Owens. On a conçu des souliers similaires à ceux que portait Owens et on a invité De Grasse à s’élancer sur le même type de surface que l’on retrouvait à Berlin à l’époque.

L’équipe de tournage s’est ensuite rendue à un vélodrome au Colorado afin de vérifier quel résultat afficherai­t la cycliste américaine Sarah Hammer en enfourchan­t le même vélo qu’utilisaien­t les athlètes au milieu des années 1960.

En natation, on a décidé de comparer le nageur allemand Paul Biedermann à Mark Spitz. On se souvient que ce dernier avait dominé aux Jeux d’été de 1972, remportant sept médailles d’or tout en établissan­t sept nouvelles marques mondiales. Au 200 m style libre, Biedermann a complété l’épreuve en 10 secondes de moins. Peut-il répéter l’exploit en revêtant le fameux speedo bleu-blanc-rouge de Spitz, plutôt qu’un maillot ultramoder­ne?

KAYAK ET JAVELOT

Par la suite, on a soumis au test d’anciens javelots lors d’un scénario inverse, puisque les javelots sont maintenant conçus pour parcourir de moins grandes distances. Ainsi, les athlètes ne s’approchent même pas des records mondiaux.

Enfin, le kayakiste canadien Adam van Koeverden s’est lui aussi prêté au jeu, montant à bord d’une embarcatio­n datant de la fin des années 1940 pour le cinquième et dernier test réalisé dans le cadre de l’émission.

Entre deux compétitio­ns qui se tiennent présenteme­nt à Rio, à vous de découvrir si les athlètes de notre époque parviendra­ient à éclipser leurs prédécesse­urs en évoluant dans les mêmes conditions et avec le même équipement. L’émission, qui vaut le détour, est disponible sur le site web de la CBC.

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PHOTO D'ARCHIVES, DIDIER DERUSSCHER­E Les sprinters comme le Canadien Andre De Grasse courent sur des surfaces modernes et chaussent des souliers ultra-performant­s. Seraient-ils plus lents s’ils effectuaie­nt un voyage dans le temps?

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