Un refuge dans la jungle
Les athlètes canadiens ont une adresse juste pour eux à Rio RIO DE JANEIRO | Une piscine, des terrains de tennis et de soccer dans un monastère caché où des singes se balancent dans la jungle; bienvenue dans le refuge secret des athlètes canadiens à Rio!
En fait, non, personne n’y est le bienvenu. Pour des raisons de sécurité et pour préserver la tranquillité recherchée par ce repaire, l’endroit est tenu secret par le Comité olympique canadien qui a réservé depuis deux ans cet édifice de deux étages d’une communauté religieuse.
C’est dans cet espace protégé, prisé comme camp de vacances en été par les enfants de Rio de Janeiro, que le COC y a établi ce qu’il identifie comme son «Centre de performance». Derrière une façade grillagée s’étend la vaste propriété délimitée par trois clôtures et une rivière. Au-delà, c’est la forêt dense au pied des montagnes.
«En déjeunant l’autre matin, il y avait des singes qui sautaient dans les arbres devant moi», raconte Léandre Gagné-lemieux, un professeur en kinésiologie de l’université Laval venu oeuvrer bénévolement dans l’équipe d’encadrement des athlètes.
UN ANTRE SECRET
Le Québécois nous avait donné rendez-vous devant un restaurant Mcdonald’s à une quinzaine de minutes de marche. Pas question de révéler l’adresse du monastère, encore moins de prendre une photo à l’entrée.
Le COC a déniché cette «cachette» pour en faire son principal point de rencontre durant la quinzaine. Chacun des 314 athlètes canadiens débarque à cet endroit à son arrivée. On leur prodigue les conseils de circonstances sur la sécurité et le transport. On leur rappelle tous les services mis à leur disposition.
«Ça peut aller jusqu’à régler un problème avec le téléphone que le COC leur fournit. C’est une demande qui peut paraître insignifiante vue de l’extérieur, mais l’athlète ne veut pas hériter d’un tracas avec son téléphone, par exemple. L’athlète est ici pour compétitionner, alors on fait tout pour l’aider», explique ce spécialiste québécois en biomécanique et en performance sportive qui a aussi été retenu pour ses compétences (voir autre texte).
UNE « NÉCESSITÉ »
À chaque tenue des Jeux olympiques, les plus gros pays ont recours à cette même formule des centres de performance. Le Canada avait le sien aux Jeux de Sotchi en 2014 et à Londres il y a quatre ans. Ici à Rio, le coût de location défrayé par le COC a permis d’apporter des rénovations.
«C’est une nécessité pour nous que d’avoir un endroit comme celuilà parce que nous avons une délégation de plus de 700 athlètes et accompagnateurs», affirme le porteparole du COC, Yvon Long.
ENTRAÎNEMENT ET HÉBERGEMENT
Cette planque du Canada sert de lieu d’entraînement aux athlètes préférant fuir l’agitation du Village olympique. Le cycliste Antoine Duchesne y a été vu, hier matin, deux jours après la course en ligne de samedi, sa seule épreuve aux Jeux.
«Le territoire est immense. Il y en a qui vont faire leur jogging et ils font une boucle d’un kilomètre sans passer au même endroit», dit Gagné-lemieux.
On y trouve aussi 58 chambres mises à la disposition du personnel supplémentaire (médical, technique, etc.) que certains sports ont emmené à Rio et que le COC préfère regrouper au même endroit plutôt que le voir disperser dans des hôtels de la mégapole.
Des «clients» quittent à chaque jour, d’autres nouveaux entrent. Au milieu des Jeux, en fin de semaine prochaine, le retour du personnel d’encadrement de l’équipe féminine de soccer et l’arrivée de celle d’athlétisme augmenteront la circulation dans les corridors.
«Les boxeurs sont venus l’autre jour et ils nous le disaient: ils retrouvent leur bulle ici. Le fait que ce soit isolé rend l’atmosphère plus relaxe qu’au Village olympique. À Rio, on s’entend que ça peut être l’enfer», partage le Québécois sans besoin de nous convaincre…