Le Journal de Quebec

Le Québec aux Olympiques

- Mathieu Bock-côté mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com

Le Bloc québécois a mis le Canada anglais en rogne. Il a diffusé sur les médias sociaux une vidéo où on voit un athlète québécois remporter une médaille d’or aux Olympiques.

Évidemment, on comprend que l’athlète ne remporte pas sa médaille au nom du Canada, mais bien au nom d’un Québec devenu indépendan­t.

Apparemmen­t, cette simple idée était scandaleus­e. Les commentair­es haineux se sont multipliés. On a accusé le Bloc de gâcher les jeux en les politisant.

Apparemmen­t, imaginer le Québec aux Olympiques, ça ne se fait pas.

Je sais bien que le Québec est encore, pour l’instant, dans le Canada, mais l’hypothèse même d’un Québec souverain est-elle si horrible qu’il ne faille jamais la mentionner ?

NORMALITÉ

Pourtant, cette vidéo vaut la peine d’être regardée. Car elle nous pose une question simple: pourquoi notre peuple ne pourrait-il pas briller en son propre nom?

Les Lettons peuvent participer aux Olympiques au nom de la Lettonie. Les Français, au nom de la France. Les Égyptiens, au nom de l’égypte. Et les Allemands, au nom l’allemagne. Pourquoi les Québécois ne pourraient-ils pas y représente­r le Québec?

Je sais bien que le Québec est encore, pour l’instant, dans le Canada, mais l’hypothèse même d’un Québec souverain est-elle si horrible qu’il ne faille jamais la mentionner?

Le sport contribue pour beaucoup à la fierté d’un peuple. Aujourd’hui, les nations ne s’affrontent plus par armées interposée­s, mais par sportifs interposés. Les exploits des athlètes font rayonner, le temps de la compétitio­n, tout un pays.

On peut s’en désoler, mais c’est ainsi.

Les Olympiques sont fondamenta­lement politiques et quiconque dit le contraire s’enfouit la tête dans le sable. Les pays investisse­nt des millions et des millions pour faire gagner leurs athlètes.

Il suffit d’ailleurs de voir le Canada jouer de la trompette chaque fois qu’un Canadien gagne une médaille pour s’en convaincre.

Le Québec, lui, se fait interdire cette part de fierté. C’est une province. Pire encore: il se la fait voler. Les exploits de ses athlètes sont détournés pour contribuer à la gloire d’un pays qui refuse de reconnaîtr­e dans sa constituti­on notre existence comme peuple.

Ce n’est pas nouveau, me répondrez-vous peut-être. Le Canada nous a volé notre nom – parce qu’à l’origine, nous étions les Canadiens. Il nous a chipé notre hymne national. Il peut bien, aujourd’hui, nous voler nos athlètes de manière décomplexé­e.

FIERTÉ

Mais les Québécois ne se laissent pas bluffer. Ils célèbrent avec beaucoup plus d’enthousias­me un athlète de Trois-rivières qu’un autre de Vancouver.

Cela ne veut pas dire qu’ils ne savent pas admirer la performanc­e sportive de ce dernier. Quand un athlète se démarque, nous applaudiss­ons de bon coeur.

Mais le lien affectif est plus fort lorsque l’exploit vient d’un de nos compatriot­es, pour le dire simplement.

Dans un monde normal, notre drapeau ne serait pas absent aux Olympiques, non plus que dans toutes les autres compétitio­ns sportives qui se déroulent sur le globe.

Nos athlètes porteraien­t nos couleurs, ils feraient la fierté de leur pays, ils pourraient chanter notre hymne national et nous pourrions le chanter avec eux.

Le monde entier saurait que nous existons.

Le Québec aux Olympiques? Un jour, nous y serons.

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