Une chronique aigre-douce…
Quelle époque déroutante! L’internationale syndicale refait le monde autour de L’UQÀM, Rio a l’air d’une infopub nauséabonde et Mike Ward ferait pleurer Goebbels.
À ces tristesses, j’ajoute la FADOQ! La fédération des grisonnants donne droit à des rabais sur les prothèses, la massothérapie et les pneus d’hiver, mais, étrangement, on devient sensible aux publicités de Lépine/cloutier...
Une récente promotion s’intitulait: Vivre sans douleurs. Il s’agissait de divers avantages aux membres, surtout ceux qui craquent...
Finis les souffrances et les déplaisirs grâce à des «champs magnétiques régénérateurs» de cellules; on espère que seront atteintes celles dont on voudrait jouir le plus longtemps possible…
STRESS FISCAL
Finis le stress et l’insomnie aussi. Mais qu’est-ce qui peut bien stresser un donneur de sang taxé jusqu’à la pâleur? Évidemment, il y a toujours le fisc pour renifler les vieux dividendes:
– Je ne sais que dire et mon conseiller financier est mort…
– Nous allons réévaluer la cotisation…
–Y a pas une clause FADOQ? Genre un pardon?
– Vous connaissez le dicton: tous égaux au peloton d’exécution…
On aurait de quoi se réjouir d’une incontinence! Mais des experts conseillent de chercher le réconfort autrement…
Observer un poisson dans un bocal, il n’y aurait rien de mieux pour faire tomber le stress. Oublier le fisc ou un voisin mal équarri.
ZOOTHÉRAPIE
On le regarde tourner en rond (le poisson, pas le voisin), ne rien comprendre de l’univers, les yeux fixes, inertes, perdus dans l’univers des innocents, à l’abri de Ward et de Trump.
C’est d’ailleurs recommandé par l’association des retraités de l’enseignement, L’AREQ. Ils en ont fait un «spécial zoothérapie», il y a quelques mois. J’imagine le succès qu’il a eu auprès des gastéropodes du ministère de l’éducation…
On dit du poisson qu’il est moins achalant que le chien, moins de trouble qu’un chat et qu’un oiseau n’aura jamais le «potentiel thérapeutique» d’un vidan- geur embrassant sa prison de verre.
Regarder un poisson «réduit le stress et la pression artérielle», précise la revue des pensionnés.
Le plus réconfortant serait, paraît-il, le «contact visuel». En cherchant le regard du poisson, on finirait par voir son propre reflet; ce serait alors la renaissance, la redécouverte de soi! Il n’en faudrait pas plus pour susciter une «stimulation créative» et donner à Narcisse l’envie de vivre.
SUCEUR CUIVRÉ
On a tenté l’expérience jadis dans un organisme public dont je tairai le nom par charité chrétienne. Le contact visuel avec un cousin du suceur cuivré aurait plongé le conseil d’administration dans une souriante béatitude…
Toujours selon les experts, quand on prend de l’âge, mieux vaut un poisson qu’un ouistiti, un boa ou une gerboise. En CHSLD, c’est encombrant et pas très hygiénique. En prison, des accommodements sont possibles; les truands sont traditionnellement mieux traités que nos aînés…
Je m’en informerai auprès des préposés aux saines habitudes de vie. L’état étant lui-même une sorte d’aquarium, ils sauront quoi dire…