150 saumons pris au piège d’un barrage
Québec a abandonné 150 grands saumons qui se trouvent prisonniers d’une partie de la rivière Mitis, près de Mont-joli, dans le Bas-saint-laurent, parce que les poissons ont emprunté une mauvaise embouchure les menant au pied d’un barrage d’hydro-québec.
C’est la destruction par le courant d’une nouvelle barrière de rétention, le printemps dernier, qui a laissé le champ libre à plusieurs groupes de saumons de frayer vers le barrage. Le ministère ne croyait pas nécessaire de conserver temporairement l’ancienne barrière.
Même si des opérations de sauvetage ont été tentées au début de juillet, au moins 150 grands saumons sont tout de même demeurés séquestrés dans un canyon localisé entre la nouvelle barrière et le barrage. Et ils devront y survivre jusqu’à l’automne, car aucune autre manoeuvre ne sera entreprise par le ministère de la Faune, des Forêts et des Parcs.
«PASBESOIN» DES SAUMONS
«Biologiquement, il n’y a aucune raison pour les récupérer. C’est très froid comme analyse, mais ça fait partie de la mission de la gestion de la faune», explique le biologiste du ministère, Jérôme Doucet-caron. «On a battu le record de montaison de la rivière Mitis cette année. J’ai besoin d’au moins 500 grands saumons en rivière pour atteindre ma cible optimale (pour assurer la reproduction). On en a 700 actuellement en haut (de la rivière)», poursuit le spécialiste.
En plus de l’épuisement à vouloir remonter constamment la rivière, plusieurs prisonniers souffriraient de maladies dues au réchauffement de l’eau. Plusieurs grands saumons serviraient également de repas à d’innombrables oiseaux.
D’ACCORD AVEC LE MINISTÈRE
Consulté par Le Journal, un spécialiste du saumon atlantique, qui désire conserver l’anonymat, indique qu’il se serait aussi rangé derrière la décision du ministère. Il estime que les saumons excédentaires qui se trouvent au pied du barrage ne contribueront pas davantage à la reproduction de l’espèce puisque le cours d’eau déborde de poissons en amont.
Les pêcheurs peuvent d’ailleurs conserver leurs prises depuis la semaine dernière dans la Mitis comme dans 10 autres rivières du genre au Bas-saint-laurent, en Gaspésie et sur la Côte-nord.