Le Journal de Quebec

Ne nous prenez pas pour des cons

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

S’il y a une chose qui est frustrante pour les "consommate­urs de produits culturels" c’est quand on a l’impression que les créateurs nous prennent pour des cons.

C’est trop souvent le cas quand un film est réalisé à partir d’une série télé. Les producteur­s se disent: «Les millions de fans de la série télé vont acheter leur billet juste en voyant le titre du film, on peut leur fourguer n’importe quel navet».

On s’est fait avoir avec Sex and The City et avec Entourage. Je me disais qu’avec Absolutely Fabulous, ce serait plus réussi. Au contraire! Le film est nullissime, ridicule et grotesque.

ABSOLUMENT PAS FABULEUX

J’avais adoré la série Absolutely Fabulous (Ab Fab pour les fans) qui met en scène deux Britanniqu­es qui boivent du champagne en se levant le matin et qui sont odieusemen­t, fabuleusem­ent, politiquem­ent incor- rectes.

Mais un producteur, flairant la bonne affaire, s’est frotté les mains en se disant: «Pas besoin d’écrire un scénario qui se tient, on a juste à bricoler une histoire sans queue ni tête, inviter deux trois vedettes à faire un caméo et on va vendre des gonzillion­s de billets à des moutons prêts à gober n’importe quoi qui s’appelle Ab Fab».

Rien de plus frustrant, quand tu es assis dans une salle de cinéma, que d’avoir l’impression d’entendre, en bruit de fond, le producteur qui rit en route vers la banque.

Autant Sex and The City était une série complexe sur la solitude des femmes urbaines, autant les films étaient uniquement axés sur le côté bling bling.

Autant Entourage était une série complexe sur l’amitié qui résiste à la célébrité, autant le film était superficie­l et uniquement concentré sur les pitounes et les voitures.

C’est comme si les auteurs des films avaient fait une caricature des séries, n’en retenant que les aspects les plus superficie­ls.

Même chose avec Ab Fab. Autant la série était grinçante et pleine d’esprit, autant le film manque de punch et d’humour. On n’a retenu que l’histoire de deux alcoolique­s.

À l’avenir, je vais être sur mes gardes. Si un producteur annonce un film basé sur House of Cards, The Knick ou une autre de mes séries préférées, je vais y penser à deux fois.

Et je me croise les doigts: la bande-annonce pour le film Les Bougon est tellement bonne, j’espère sincèremen­t que le film sera à la hauteur de la série télé.

SÉRIES AU MAX

Parlant de séries télé, on ne peut qu’applaudir la décision du Groupe V de transforme­r Musimax en Max, et d’y présenter la version française de The People v. O.J. Simpson: American Crime Story. Je vous ai déjà dit tout le bien que je pense de cette série extraordin­aire qui montre les «deux côtés de la médaille» du célèbre procès.

On ne se cachera pas que ce qui fait battre le coeur des spectateur­s, en 2016, ce sont les séries de qualité. J’espère que Max pourra présenter un jour la version française de Billions, une série hallucinan­te sur un jeu de chat et de souris entre un financier tordu et un ministre de la Justice ratoureux.

Je l’écoute en ce moment sur itunes et je me délecte. Pourquoi? Parce que c’est brillant, plein d’esprit. Et qu’on ne prend pas le public pour des cons...

C’est trop souvent le cas quand un film est réalisé à partir d’une série télé

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