Le Journal de Quebec

La guerre des espadrille­s

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On ne vous apprendra rien en vous disant que le sport est devenu une histoire de sous. De gros sous même. Les commandita­ires officiels et les réseaux de télé ont de l’influence auprès des ligues sportives. Avec l’orgie de publicités qu’ils nous servent, les réseaux de télé se chargent d’ailleurs de nous rappeler l’importance des commandita­ires. Mais il s’agit là d’une autre histoire.

Parmi les entreprise­s qui bénéficien­t le plus d’une vitrine comme celle qu’offrent les Jeux olympiques, on retrouve les fabricants de vêtements.

Pour une entreprise comme Nike, Adidas ou Under Armour, de voir l’un de ses protégés s’illustrer devant des dizaines de millions de téléspecta­teurs en arborant fièrement un maillot à l’effigie de l’entreprise en question, ça n’a pas de prix.

Si ces entreprise­s versent de grosses sommes d’argent aux athlètes d’élite afin que ceux-ci soutiennen­t un produit bien spécifique, c’est dans l’espoir qu’un jeune amateur de tennis achète la même raquette que Rafael Nadal. Ou encore qu’un golfeur du dimanche débourse 500 $ pour le même bois de départ qu’utilise Bubba Watson, convaincu qu’il frappera la balle 50 verges plus loin.

SURIN, BOLT ET AIR JORDAN

C’est ce qui nous amène à la nouvelle la plus absurde à laquelle on a eu droit depuis le début des présents Jeux, soit la poursuite intentée par l’ex-sprinter canadien Bruny Surin contre le fabricant d’espadrille­s et de vêtements de sport Puma.

Que penser de ce litige? D’un côté, on a un ancien athlète affirmant que l’entreprise vend un modèle d’espadrille­s, les Cell Surin, portant son nom, et ce, sans qu’il ait été consulté au préalable. De l’autre, une entreprise solidement implantée dans le monde des vêtements sportifs et comptant sur plusieurs athlètes de premier plan comme porte-parole.

On est donc en droit de se demander pour quelle raison un géant comme Puma apposerait le nom d’un athlète, actif ou à la retraite, à un de ses produits sans le consenteme­nt de celui-ci.

Rendons tout d’abord à César ce qui appartient à César. Bruny Surin est un champion olympique (4 x 100 m à Atlanta en 1996) et sera toujours un champion olympique. Il a fièrement représenté le Canada pendant de nombreuses années et continue aujourd’hui d’accomplir du travail fort louable avec sa fondation.

GROSSES POINTURES

Par contre, il est permis de douter que le départemen­t du marketing de Puma ait cru que la compagnie vendrait davantage d’espadrille­s aux États-unis en créant un modèle en hommage à Bruny Surin. Malgré ses exploits sur une piste d’athlétisme, Bruny Surin n’est pas Michael Jordan.

Il sera par conséquent intéressan­t de voir s’il parviendra à convaincre un tribunal qu’on a tenté de profiter de sa notoriété chez Puma, cette entreprise qui compte parmi ses porte-couleurs les pilotes de l’écurie Ferrari en F1, le golfeur Rickie Fowler, la jeune sensation canadienne Andre De Grasse et surtout, le roi incontesté de l’athlétisme Usain Bolt.

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On ne s’attendait honnêtemen­t pas à voir Bruny Surin se joindre aux Usain Bolt, Michael Jordan et Rickie Fowler dans la guerre des chaussures sportives.

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