Le Journal de Quebec

Déchiré entre la boxe et la paternité

Les Jeux séparent l’entraîneur Daniel Trépanier de son petit Hayden

- ALAIN BERGERON

RIO DE JANEIRO | Ce n’est pas toujours vrai que le centre de l’univers se trouve actuelleme­nt à Rio de Janeiro. Pour Daniel Trépanier, son centre du monde à lui dort dans son petit lit à Montréal.

L’entraîneur-chef de l’équipe canadienne de boxe vit ses Jeux olympiques déchiré.

Devenu père pour la première fois à l’âge de 40 ans, il a dû laisser derrière lui sa conjointe Hélène et leur bébé né le 4 juillet dernier. Le petit Hayden ne s’en doute même pas, mais il y a un homme qui pense à lui à plus de 8000 kilomètres.

«On a un rituel. À chaque matin, ma conjointe m’envoie une nouvelle photo ou deux de mon fils. Le soir, grâce à Skype, je la retrouve avec le bébé. Ça fait ma journée», nous dit Trépanier, qui veille sur les boxeurs Ariane Fortin, Mandy Bujold et Arthur Biyarslano­v à Rio.

CHANCEUX

Cette distance qui cause l’ennui aurait pu tourner en inquiétude si ce qui était prévu s’était produit. Quand le couple a appris la nouvelle de la grossesse, la date du 5 août avait été encerclée pour l’accoucheme­nt.

Une pré-éclampsie a toutefois bousculé le calendrier. Une provocatio­n de l’accoucheme­nt, nécessaire pour éviter des complicati­ons, a finalement confirmé la sortie du petit Hayden le 4 juillet. Le nouveau père a pu assister à son arrivée.

«Je suis chanceux malgré tout parce que j’ai pu assister à l’accoucheme­nt. J’aurais très bien pu ne pas être là. C’est notre premier enfant. Ça aurait été encore plus difficile de partir», émet Trépanier, qui voit dans ses journées olym- piques chargées une façon d’oublier. «Oui, je trouve ça difficile, mais ce le serait encore plus si c’était durant un autre tournoi. Aux Olympiques, c’est tellement gros qu’on n’a pas de temps de repos. Quand je ne suis pas dans ma chambre d’hôtel, je n’ai pas le temps d’y penser parce qu’il y a tellement de choses à régler.»

LE REPOS DANS L’AVION!

La naissance a coïncidé avec le début d’un camp préparatoi­re pour les Jeux à Montréal. Vu l’état précaire du nouveau-né prématuré, l’entraîneur a dû partager ses jours et nuits entre ses athlètes et la pouponnièr­e de l’hôpital Le Gardeur.

«En plus de la préparatio­n olympique, il y a eu le stress à la pouponnièr­e. J’ai fait des allers-retours durant une semaine et demie», raconte l’homme de boxe, qui a finalement pu trouver le repos dans son vol vers le Brésil.

«Je me souviens avoir fermé les yeux sur la piste de décollage à Toronto. Je les ai rouverts quand on a atterri à Rio!»

UNE NOUVELLE VIE

Premier entraîneur d’adonis Stevenson, Trépanier a investi sa vie dans la boxe après avoir perdu son emploi chez Nortel. Devenu entraîneur-chef à Boxe Canada en 2008, il avait auparavant ouvert le Club de boxe de l’est dans le quartier Hochelaga-maisonneuv­e avec un associé en 2005. La naissance de Hayden ne l’éloignera pas de sa passion, mais il pourrait dorénavant mieux doser les voyages qui l’éloignent de la maison l’équivalent de cinq mois par année.

«C’est la vie qui décide. Avant, c’était tout dans la boxe», partage cet homme heureux pour qui l’année 2016 est déjà inoubliabl­e. «On va finir ça avec une médaille!» Il y a une valeur plus sûre à la maison…

 ??  ?? Enfin papa à l’âge de 40 ans, Daniel Trépanier a dû s’envoler vers Rio en laissant derrière lui le petit Hayden (en mortaise) né le 4 juillet.
Enfin papa à l’âge de 40 ans, Daniel Trépanier a dû s’envoler vers Rio en laissant derrière lui le petit Hayden (en mortaise) né le 4 juillet.
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