La vengeance du FABIV
La tension était palpable dans les locaux de l’institut national du sport du Québec (INSQ), où plusieurs membres de Plongeon Québec s’étaient donné rendez-vous pour encourager Meaghan Benfeito et Roseline Fillion à la finale du 10 m synchronisé.
Occupant le troisième rang provisoire après leur dernier plongeon, la paire canadienne a remis sa destinée entre les mains des représentantes de la Grande-bretagne, qui pouvaient encore les déloger lors du dernier saut.
À ce moment précis, on pouvait entendre une mouche volée dans la salle. Tout le monde retenait son souffle.
Mais dès l’entrée des Anglaises dans l’eau, il n’y avait plus aucun doute. La pression est tombée, les doigts se sont décroisés et les cris de joie ont rapidement retenti.
«Elles doivent se sentir libérées et soulagées en ce moment, a raconté Isabelle Cloutier, qui a déjà entraîné les deux athlètes au Club CAMO au début de leur carrière. C’était une compétition serrée et surtout très forte. On n’a pas l’habitude de voir ce type de pointage là en compétition internationale. Elles peuvent être très fières.»
MOTIVATION
L’ambiance était pas mal plus festive que dimanche dernier, alors qu’un événement semblable avait été tenu au même endroit pour encourager l’autre moitié du FAB IV, composé de Jennifer Abel et Pamela Ware.
Les filles avaient alors terminé au pied du podium, à moins d’un point de la médaille de bronze.
Leurs comparses ont-elles été fouettées par ce résultat crève-coeur?
«J’en suis persuadée, a reconnu Mme Cloutier. Je suis certaine que les filles se sont présentées à la tour en se disant: “Ça ne va pas nous arriver à nous, on met toute la gomme pour y arriver’’.
«Elles auraient pu tomber dans le piège et se mettre trop de pression, a exprimé Évelyne, Boisvert, présidente de Plongeon Québec et exolympienne aux Jeux de Barcelone, en 1992. Mais elles ont répondu à l’appel. Je pense que ça leur a bien servi.»
DERNIER TOUR DE PISTE ?
Après une septième position aux Jeux de Pékin en 2008 et une médaille de bronze à Londres en 2012, il s’agit d’une troisième expérience olympique pour le duo Benfeito-fillion à Rio.
Il est encore très tôt pour spéculer, mais les filles pourraient bien en être à leur dernier tour de piste olympien, elles qui travaillent ensemble depuis 11 ans, soit la plus longue longévité sur le circuit de la FINA.
«Avec leurs bagages et leurs expériences, je crois qu’elles vont passer à autre chose, a avancé Mme Boisvert. On veut qu’elles restent, mais si elles décident de tourner la page, elles vont nous avoir représentés dignement.»