Le Journal de Quebec

radulov au coeur de sa décision

Une démission qui ne surprend pas à Québec

- yvon yvon.pedneault@quebecorme­dia.com pedneault

L’homme à l’autre bout du fil n’a pas changé et il ne changera jamais.

Patrick Roy était un gardien de caractère. Il n’y avait aucun compromis dans son univers. Il était le leader incontesté. Il était un homme de décision. Il ne prenait jamais quatre chemins pour dire ce qu’il avait sur le coeur.

C’était «my way or the highway». C’était ça que je veux, rien d’autre.

Hier, Patrick Roy était très serein au bout du fil.

«Tu sais, me dit-il, quand tu crois atteindre tes objectifs en empruntant une avenue et que la direction croit qu’il faut emprunter une autre avenue, ça ne fonctionne plus. Plutôt que de demeurer en place et de travailler dans un environnem­ent où les conflits de gestion risquent de perturber les opérations quotidienn­es, je préfère quitter.»

Cette décision, l’ex-gardien du Canadien et de l’avalanche l’a mûrie pendant un mois et demi. Il faut croire qu’il ne voyait aucun moyen pour redresser la situation.

«Je vais maintenant jouer au golf, je vais me reposer, je veux faire quelques voyages, ce que je n’ai pas tellement eu l’occasion d’inscrire à mon agenda et puis, on verra.»

Patrick est un passionné. Il adore le hockey. Cette passion qu’il manifestai­t à chaque match disputé au cours de sa carrière, il la possède toujours dans son rôle d’entraîneur-chef et de viceprésid­ent du secteur hockey.

LE SEUL À PRENDRE DES DÉCISIONS

L’homme que j’ai côtoyé il y a plusieurs années avec le Canadien est demeuré le même. Tout entier. Un homme qui, comme je le précisais, vit sans faire de compromis. Il prend un dossier, dresse les objectifs et règle son GPS. Quand vient le temps de tourner à droite, c’est sa voix qu’on entend. Quand c’est le temps de tourner à gauche, c’est toujours Patrick qu’on entend. Lui, personne d’autre. Au cours de sa carrière, il était le gardien décideur. Ses entraîneur­s le consultaie­nt, il fallait connaître son pouls avant de prendre des décisions. C’était toujours l’homme de la situation.

Ce charisme et son sens du devoir, son leadership et son audace, très souvent dérangeant­e pour plusieurs, l’accompagne­nt toujours dans son quotidien.

Avec les Remparts, il était le grand maître à bord, secondé de façon exceptionn­elle par Jacques Tanguay et ses acolytes. Au Colorado, c’est le rôle qu’il croyait être fait sur mesure pour lui.

Or, avec le temps, son champ d’ac- tion s’est quelque peu amenuisé, de sorte qu’il pouvait prendre des décisions, mais ça ne faisait pas toujours l’unanimité. Par conséquent, on lui écrasait le gros orteil et Patrick n’a jamais aimé qu’on questionne son jugement. Le dossier Tyson Barrie a fait couler beaucoup d’encre. Avait-il un intérêt pour Alexander Radulov, un patineur qu’il a tant apprécié à l’époque des Remparts? Mais l’avalanche ne roule plus sur l’or, les contrainte­s sont nombreuses sur le plan des budgets et des effectifs.

«J’ai choisi de demeurer dans le hockey après avoir accroché les jambières et je me suis investi immédiatem­ent dans l’administra­tion d’une entreprise sportive. J’aime ça et ça ne changera jamais. J’ai adoré mon séjour au Colorado. J’ai aimé mes joueurs. J’ai eu l’occasion de converser avec certains au cours des dernières heures et ils m’ont tous demandé ce que j’allais faire.» Et que feras-tu Patrick? «Pour le moment, comme je te l’ai mentionné, je vais jouer au golf. Je prévois effectuer quelques voyages.»

Mais il va garder un oeil attentif sur les activités de la ligue. On ne sait jamais ce que l’avenir réserve.

Par exemple, il y a toujours le dossier des Nordiques. Ne deviendrai­t-il pas un candidat de taille pour la nouvelle organisati­on?

Assurément.

Par contre, peut-on cumuler les fonctions de président, directeur général et entraîneur-chef dans la Ligue nationale? Je ne le crois pas. Un homme ne peut plus porter trois chapeaux. C’est impensable.

Et cumuler les fonctions de directeur général et entraîneur n’a jamais été une formule très efficace. Sauf que Patrick Roy ne connaît qu’une façon de mener son entreprise. Il est la personne ressource, il est la personne qui prend les décisions. Il est celui qui dicte les règles du jeu.

Si un propriétai­re de la LNH veut lui offrir les guides de sa formation, il devra s’en remettre aux commandeme­nts de Patrick. On ne changera pas l’homme. C’est pour cette raison qu’il est un personnage particulie­r.

Un personnage qui ne voit pas un compromis comme une solution.

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Il faut croire que Patrick Roy ne voyait aucun moyen pour redresser la situation.
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