Les oeufs de goéland liés au cancer du cerveau ?
Un nombre inhabituel d’habitants d’un village du nord du Québec sont malades
Les autorités de la santé publique tentent de déterminer si la consommation d’oeufs de goéland peut expliquer le grand nombre de cas de cancer du cerveau parmi les habitants d'un village de la BasseCôte-nord.
Le directeur de la santé publique du CISSS de la Côte-nord, le Dr Stéphane Trépanier, s’est rendu à GrosMécatina ces derniers jours pour prendre des échantillons d’eau et d’aliments consommés par la population.
On tente ainsi de déterminer ce qui pourrait causer le taux de cancers du cerveau plus élevé que la moyenne dans ce petit village de 500 âmes, en Basse-côte-nord.
Le Dr Trépanier repartira entre autres avec des oeufs de goéland pour analyse. On les mange en Basse-côte-nord comme des oeufs de poule, mais ils auraient un goût de poisson et leur «jaune» serait pratiquement rouge. La santé publique recommande cependant de ne pas en consommer.
Selon une étude menée dans la région dans les années 1990, ces oeufs contiennent une quantité assez élevée de biphényle polychloré (BPC).
LE TRIPLE DE BPC
On avait à l’époque décelé environ trois fois plus de BPC dans le sang des nouveau-nés de la Basse-côte-nord que dans le sang de ceux de Sept-îles. La consommation d’oeufs d’oiseaux marins par les mères avait été recensée parmi les causes.
«Les BPC sont un facteur de risque du cancer du cerveau débattu, bien que les études soient contradictoires à ce sujet», explique Stéphane Trépanier.
Les résultats des analyses sont attendus en octobre. C’est à ce moment que l’on pourra savoir si cette hypothèse tient la route.
«Il faut être très prudent et ne pas formuler de conclusions hâtives. Le cancer est une maladie multifactorielle. Souvent, un taux de cancer plus élevé que la normale peut être dû au hasard», a précisé le médecin.
«Lorsque mon épouse était enceinte, je l’ai vue pleurer pour avoir des oeufs de goéland. Mes enfants adorent ça aussi. C’est une tradition sur la Basse-côte», a dit Randy Jones, maire de Gros-mécatina.
DEPUIS TOUJOURS
Selon lui, la population de la Basse-côte-nord consomme des oeufs d’oiseaux marins depuis toujours. «Ici, en 1829, il y avait des bateaux qui venaient de New York prendre des oeufs et qui retournaient là-bas les vendre comme des aphrodisiaques. Nous autres, on en a toujours mangé», a-t-il expliqué.
Rappelons qu’il y a plus d’un an, le maire de Gros-mécatina avait lancé un cri du coeur concernant le nombre inquiétant de cancers du cerveau constaté dans son village. Une enquête a été déclenchée par la santé publique il y a 15 mois. Pour des raisons de confidentialité, la santé publique refuse de dévoiler des chiffres précis sur le nombre de cas recensés.