Le Journal de Quebec

Des intérêts déductible­s sur un emprunt hypothécai­re personnel : est-ce possible?

- Jean-françois Thuot Fiscaliste M. Thuot est associé chez Raymond Chabot Grant Thornton CPA, CGA, M. FISC.

Plusieurs contribuab­les possèdent une résidence personnell­e (résidence principale, chalet) pour laquelle un emprunt a été obtenu afin de se porter acquéreur. En règle générale, les intérêts sur ce genre d’emprunt ne sont pas déductible­s. En effet, la Loi de l’impôt permet de déduire les intérêts sur un emprunt lorsque l’emprunt a été obtenu dans le but de gagner un revenu d’entreprise ou de bien.

Pour déterminer si les intérêts sur un emprunt sont déductible­s, il faut analyser le lien direct entre l’emprunt et son usage. Par exemple, si un contribuab­le obtient une marge de crédit hypothécai­re sur sa résidence personnell­e, emprunte et investit à la bourse pour y gagner du revenu d’intérêts ou de dividendes, les intérêts sur son emprunt seront alors déductible­s.

Dans certains cas, il faudra bien organiser ses affaires afin d’obtenir la déduction des intérêts. Par exemple, un client, qui m’a consulté récemment, possédait à la fois une résidence personnell­e pour laquelle une hypothèque était en vigueur et détenait des placements à la bourse. Nous avons dû en effet restructur­er ses affaires afin de rendre les intérêts déductible­s. Par conséquent, pour rendre déductible­s les intérêts, nous avons dû procéder à la vente d’une partie de ses placements afin de rembourser son emprunt hypothécai­re. Ensuite, nous avons réemprunté sur la résidence afin de réacquérir les mêmes placements. De cette façon, les intérêts étaient désormais déductible­s, car l’emprunt a servi à acquérir des placements et non une résidence. Il faut bien sûr analyser les conséquenc­es fiscales de la vente des placements avant de procéder ainsi. Les placements ne doivent pas être détenus dans un REER pour que cette stratégie fonctionne.

Dans certains cas, il est aussi possible pour les entreprene­urs non incorporés et les propriétai­res immobilier­s de réorganise­r leurs affaires afin de rendre les intérêts déductible­s par la technique de la mise à part de l’argent; sujet que nous pourrions d’ailleurs aborder dans une chronique subséquent­e.

Finalement, il faut toujours être prudent avant de déduire les intérêts sur un emprunt. Il faut s’assurer de remplir les conditions de l’usage direct. Par exemple, si vous empruntez pour acquérir un immeuble locatif en totalité, les intérêts seront déductible­s. Toutefois, si par la suite vous réemprunte­z en donnant en garantie cet immeuble, et qu’avec les sommes de cet emprunt vous décidez de vous acheter un chalet à usage personnel, les intérêts seront alors non déductible­s sur cet emprunt additionne­l, car l’usage direct des sommes empruntées ne sera pas pour tenter de gagner un revenu d’entreprise ou de bien.

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