« Plus payant de voler du sirop que du pétrole »
Le sirop d’érable a une meilleure valeur sur le marché que le pétrole, il n’est donc pas si surprenant que des voleurs aient voulu en tirer profit, selon des spécialistes.
«C’est plus payant de voler du sirop que du pétrole», estime l’acéricultrice Angèle Grenier. Un gallon de sirop peut se vendre entre 50 $ et 60 $».
«Ça peut être alléchant pour les voleurs quand on voit qu’en magasin une canne de sirop peut se vendre 7 $, 8 $ ou même 9 $. Et il ne manque pas d’acheteurs aux États-unis, au NouveauBrunswick ou en Ontario», ajoute Benoît Girouard, président de l’union Paysanne.
Les producteurs de sirop de la province sont soumis à des quotas imposés par la Fédération des acériculteurs du Québec. Ils ne peuvent donc pas produire plus de sirop que ce qui leur est permis.
CONTOURNEMENT DES RÈGLES
Mais la demande en sirop d’érable est sans cesse en augmentation. L’an dernier, les ventes ont grimpé de 8 % à 10 % au Canada et à l’étranger.
«Le sirop est facile à passer en termes de contrebande. Le système crée une espèce de cartel légal qui fait artificiellement grimper le prix et limite la production», mentionne M. Girouard.
Mme Grenier fait partie des acériculteurs qui contestent l’obligation pour eux de ne vendre leur sirop en vrac qu’à la Fédération des acériculteurs du Québec. Elle réfléchit même à amener sa cause en Cour suprême.
L’acéricultrice soutient que de nombreux producteurs de sirop réussiraient à contourner le système en vendant leur production à d’autres acheteurs.
Pourtant, de nombreux acériculteurs ont été sanctionnés récemment pour avoir contourné les règles, ce qui fait que plusieurs ne le font plus, de peur de se faire prendre, insiste Mme Grenier.
«Il y a donc moins de joueurs qui tentent de vendre leur sirop, mais la demande est là, des revendeurs, il y en a. L’intérêt pour le marché noir est peutêtre donc encore plus grand pour les voleurs», croit Mme Grenier.