Le Journal de Quebec

Une minute qui a tout changé

Jean-françois Bergeron a grandi après sa défaite cuisante aux Jeux d’atlanta

- Mathieu Boulay

Comme on le voit depuis le début des Jeux de Rio, une minute d’action peut chambarder les plans d’un athlète. L’ancien boxeur Jean-françois Bergeron, qui a pris part à ceux d’atlanta en 1996, peut en témoigner.

À l’époque, la fierté de Saint-jérôme s’était amenée au tournoi olympique comme l’un des favoris dans la catégorie des super-lourds.

Il ne s’attendait pas à «frapper un mur» dès la première minute de son duel initial face à un adversaire qu’il avait envoyé au pays des rêves huit mois auparavant.

Le Suédois Attila Levin avait mis de la pression sur le Québécois dès la première cloche en le mitraillan­t de tous les angles. L’un des coups a été fatal à Bergeron, qui s’est écroulé au tapis.

L’arbitre a tout de suite mis fin au combat, à la stupéfacti­on générale.

«Avant d’aller aux Jeux olympiques, je m’étais fait plusieurs scénarios dans ma tête, dans lesquels je me voyais gagner une médaille, a raconté Jean-françois Bergeron lors d’une entrevue avec Le Journal. Le pire scénario qui pouvait m’arriver, c’était celui-là.

«Ça m’a fait mal et j’ai eu l’impression de vivre un cauchemar.»

PRESSION MAL GÉRÉE

Étant donné qu’il avait remporté plusieurs tournois sur la scène internatio­nale au cours des années précédente­s, Bergeron débordait de confiance à son arrivée à Atlanta.

«La pression était énorme, surtout celle que je m’étais mise sur les épaules, a raconté Bergeron. J’étais bien classé au monde et j’étais vu comme un espoir de médaille.

«Dans ma tête, si je revenais des Jeux sans médaille, c’était un échec. Ma préparatio­n psychologi­que n’était pas bonne. Si je m’étais mis dans la tête de m’amuser, le résultat aurait pu être différent.»

À son retour à Montréal, Bergeron a eu beaucoup de difficulté à retrouver le chemin du gymnase.

«Le coeur n’y était pas et une grande partie de moi était comme morte, a souligné celui qui est maintenant pompier à Laval. Je voulais arrêter, tellement la déception faisait mal. Toutefois, c’est l’image que j’aurais gardée de la boxe.»

Bergeron a finalement décidé de continuer. Il est aujourd’hui heureux d’avoir emprunté cette direction au lieu de baisser les bras.

DE GRANDES LEÇONS

Ce combat de juillet 1996 aura marqué la carrière de Bergeron, mais celui-ci a réussi à se relever.

«J’ai traversé cette épreuve et je suis parvenu à me rebâtir mentalemen­t, a souligné celui qui est maintenant âgé de 43 ans. Je suis revenu fort par la suite.

«Avec les années, tu te rends compte que tu ne meurs pas après une telle défaite et que la vie n’est pas finie.»

Après sa carrière chez les amateurs, le poids lourd a connu une carrière respectabl­e chez les profession­nels avec 27 victoires en 29 combats.

Toutefois, son plus beau triomphe, il l’aura obtenu à l’extérieur du ring.

Après son gain surprenant contre Bergeron, Levin s’était incliné contre un certain Wladimir Klitschko, qui a ensuite remporté l’or au tournoi olympique.

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Au terme de sa carrière, Jean-françois Bergeron (à droite) est devenu entraîneur. S’il est en pause en ce moment, il entraînait jusqu’à récemment Schiller Hyppolite.

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