ne riez pas du ping-pong
RIO DE JANEIRO | Aux Jeux d’été, on talonne surtout nos athlètes québécois et ceux des autres provinces qui font des bons coups.
Le plongeon, l’athlétisme, la natation et l’aviron, des incontournables. Bien normal.
Mais si on allait faire un tour ailleurs, juste pour le fun? Les Jeux d’été offrent plus de variété que ceux d’hiver. Un vrai buffet chinois de sports.
Comme la finale masculine de tennis de table, hier soir, entre Ma Long et Zhang Jike, deux Chinois.
Long (or) l’a emporté sur Jike (argent), quatre manches à zéro (14-12, 11-5, 11-4, 11-4).
La veille, leurs consoeurs Ding Ning (or) et Li Xiaoxia (argent) avaient aussi monté sur les deux plus hautes marches du podium.
« super athlètes »
Je vous entends rire. Le ping-pong, ce n’est pas un sport, vous dites. Juste un passe-temps de sous-sol, raquette dans une main et bière dans l’autre.
Pierre-luc Thériault désapprouve. Le jeune pongiste de 22 ans a parcouru le globe cinq ans avec sa raquette.
Un peu essoufflé de tout ça, il a pris retraite après avoir été écarté de l’équipe nationale pour Rio.
«Les meilleurs au monde au tennis de table sont aussi de super athlètes, ils ne sont pas moins en forme que ceux qu’on voit dans d’autres sports», assure-t-il.
«Les jambes bougent tout le temps. Allez sur Google voir les meilleurs points. Si après avoir vu ça, les gens disent que ce n’est pas vraiment un sport, alors il n’y a rien que je peux faire! On n’a aucune marge de manoeuvre sur la balle, aucune.»
Ça va vite sans bon sens, c’est vrai.
À l’entraînement, les échanges de Long et Jike vous hypnotisent comme dans le film Forrest Gump. Ça pourrait durer des heures tellement ils sont en contrôle.
Pendant le match, ils ont réussi des coups sublimes chacun leur tour, rivalisant de ruse avec le positionnement de leurs raquettes. De l’art en mouvement, surtout au service. Long, le champion du monde de 27 ans, est un véritable virtuose de la petite balle.
La foule de 5000 personnes a bien apprécié le spectacle, moi aussi. Explosif et divertissant.
encadrement
La Chine domine le pingpong depuis le début des années 1950, quand Mao Zedong l’a décrété sport national.
L’équipe nationale se prépare pour les compétitions internationales comme les Patriots pour le Super Bowl. Jusqu’à dégonfler de petites balles blanches? Peut-être pas, non. Mais ils étudient minutieusement le style de leurs adversaires sur vidéo. À l’entraînement, les moins forts (à peine...) imitent le style des étrangers pour que les stars s’y habituent. «Ils sont supérieurs grâce à leur équipe d’encadrement, dit Thériault. Mais ils ne s’assoient pas là-dessus et cherchent à s’améliorer avec de l’expertise extérieure, comme récemment en embauchant un préparateur physique allemand.» En 2008, la Chine a raflé l’or, l’argent et le bronze dans les simples mascu- lin et féminin. Tellement forts qu’on a dû changer les règles: chaque pays ne peut envoyer plus de deux représentants aux Jeux. Comme cette année, les Chinois avaient aussi gagné l’or et argent (simples hommes et femmes) à Londres en 2012.
Pour les autres pays, le bronze représente le summum.
Fou de joie, le Japonais Mizutani Jun l’a raflé devant le Biélorusse Vladimir Samsonov, quatre manches à un.
Mais pour un Chinois, c’est pas mal plus difficile de se qualifier pour l’équipe nationale que de monter sur le podium olympique.
Les anneaux du CIO, eux, ça les énerve autant qu’une soirée de ping-pong chez mononcle Gérard. Bière en moins.