RIEN N’ARRIVE POUR RIEN
Une médaille de bronze apaisante pour Katerine Savard
RIO DE JANEIRO | La couleur bronze de la médaille de Katerine Savard a aussi une texture particulière: le velours.
Rayonnante malgré la nuit trop courte, la nageuse originaire de PontRouge a su revenir sur sa contribution à la troisième place du Canada au relais 4 x 200 m style libre de mercredi soir en dosant son euphorie des heures précédentes.
«On dirait que ça fait oublier les mauvais souvenirs. Ça fait un petit velours», a exprimé Savard, seule du quatuor de la finale – avec Taylor Ruck, Brittany Maclean et Penny Oleksiak– à se présenter devant une dizaine de représentants de médias canadiens hier midi.
« J’AI PRIS CETTE OPPORTUNITÉ »
Souvent appelée à parler de son équipière et jeune sensation Oleksiak, ce qu’elle a fait avec éloge, la Québécoise a inévitablement remonté aux essais olympiques canadiens d’avril dernier. Cette même Oleksiak et Noemie Thomas l’avaient devancée dans son épreuve du 100 m papillon qu’elle dominait pour la priver ainsi de Rio. Le surlendemain, sa qualification pour le relais 200 m libre lui avait assuré une participation en demi-teinte aux Jeux olympiques.
«Ceux qui étaient aux essais se rappellent que j’avais dit que “rien n’arrive pour rien”. C’est difficile à comprendre pourquoi ça m’est arrivé, mais la première chose que mon entraîneur Claude St-jean m’a écrite [après sa médaille], c’est: je pense que tu viens de comprendre pourquoi ça t’est arrivé», a raconté Savard.
«Je ne l’avais pas réalisé encore, mais maintenant je le réalise. J’avais un travail à faire dans ce relais et j’avais quelque chose à apporter. J’ai pris cette opportunité et je suis vraiment heureuse de l’avoir prise.»
REMISE EN QUESTION
Tout s’est placé et «aujourd’hui, je suis médaillée olympique», ditelle, mais son rapport affectif avec le style papillon demeure ébranlé. Sans préciser jusqu’où sa carrière se poursuivra, l’envie de mener de front les styles libre et papillon ne la lâche pas.
«Ç’a été difficile. Durant toute ma carrière, je m’entraînais pour le 100 m papillon. J’avais des rêves et des objectifs, j’ai été dans le top 3 au monde et, après une journée où tout s’écroule, tu te remets en question. Je ne savais plus trop», évoque-t-elle au sujet des essais d’avril.
GRÂCE À OLEKSIAK
Mercredi soir, au Centre aquatique olympique survolté, l’endeuillée du style papillon a lancé un relais qui allait tenir le coup dans les bouillons des intouchables Américaines et Australiennes.
Comme dans un joyeux hasard, la florissante Penny Oleksiak, trois jours après avoir remporté la médaille d’argent au 100 m papillon, a permis à la Québécoise d’entrer dans le club sélect des médaillés olympiques grâce à une fin de course acharnée.
«C’est sûr qu’on est bien content qu’elle fasse partie de l’équipe, mais en même temps, elle m’a battue au 100 m papillon et elle l’a méritée cette place-là. Elle a passé à un niveau de plus que moi», précise Savard.
«Ce n’est pas contre elle, mais j’aurais aimé ça pouvoir être meilleure moi aussi et avoir la chance de faire la finale aux Jeux olympiques. Quand on comparait les temps de la finale avec mes meilleurs temps, j’aurais pu être là. C’est juste que le Canada est rendu plus fort. C’est juste des circonstances qui font que deux Canadiennes ont été meilleures que moi.»
Le papillon n’est-il pas le symbole de la renaissance?