Le Journal de Quebec

Le Canada dort au gaz

- richard Martineau richard.martineau@quebecorme­dia.com

La GRC l’a échappé belle. Car si elle n’avait pas réussi à neutralise­r Aaron Driver avant qu’il ne passe à l’acte, elle aurait été dans la merde. Le Service canadien du renseignem­ent de sécurité (SCRS) aussi.

Après tout, on ne parle pas ici d’un génie de l’esquive, inconnu des autorités, mais d’un homme qui était surveillé par le SCRS depuis octobre 2014 pour des activités suspectes sur les réseaux sociaux. Il avait aussi été arrêté en juin 2015 à Winnipeg.

UN HOMME DANGEREUX

On savait qu’aaron Driver était un sympathisa­nt de l’état islamique. On savait qu’il était en contact avec des djihadiste­s en Syrie, en Angleterre et aux États-unis.

On savait qu’il constituai­t une menace pour la sécurité du pays.

On savait qu’il tenait les «martyrs» de la cause en très haute estime, et qu’il jugeait que les exactions (attentats suicides, décapitati­ons, etc.) commises par l’état islamique étaient parfaiteme­nt justifiées.

Bref, on savait que Driver était un extrémiste hyper dangereux. C’était connu. Il avait même accordé une entrevue à un journalist­e!

Pourtant, l’homme (qui fabriquait des bombes artisanale­s chez sa soeur) était libre comme l’air.

N’eût été la rapidité d’action du FBI, qui a alerté la GRC après avoir vu une vidéo de Driver affirmant qu’il était prêt à passer à l’acte dans les prochains jours, qui sait ce que cet illuminé aurait pu faire et combien de gens il aurait pu tuer?

Vous imaginez le scandale si un tel coucou avait réussi à massacrer des dizaines d’innocents, malgré tout ce qu’on savait sur lui?

PLUS DE BRACELET ÉLECTRONIQ­UE !

Détenu pendant huit jours en 2015, Aaron Driver a été libéré sous promesse de respecter une vingtaine de conditions, dont le port d’un bracelet GPS. Mais cette condition a été levée en février 2016 par un tribunal manitobain qui était «partiellem­ent favorable à sa cause».

On lui a dit: «Si tu es prêt à t’engager par écrit à ne pas troubler l’ordre public, à ne pas toucher à un ordinateur, à ne posséder ni arme ni explosif et à ne pas communique­r avec des agents de l’état islamique, on va te permettre d’enlever ton bracelet électroniq­ue.»

Alors le gars a signé, et on lui a enlevé son bracelet GPS. Pensez à ça deux minutes… On se fie à la parole d’un gars qui se fout totalement de nos lois, de nos valeurs et de notre système, et qui rêve de mettre le pays à feu et à sang!

«Ah, il s’est engagé par écrit à respecter ses conditions de libération, c’est la preuve qu’il est de bonne foi...» Duh! Plus naïf que ça, tu meurs…

KUMBAYA

En fait, quand on y pense, c’est tout à fait «canadian» comme réaction.

Gentil, candide, bonasse, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.

«Il a donné sa parole, alors il va se tenir tranquille, plus besoin de le surveiller 24 heures sur 24…»

Comme si on était incapable d’envisager que des gens mal intentionn­és et fondamenta­lement méchants pouvaient vouloir nous faire du mal… Il va falloir qu’on se réveille, un jour. Ça suffit, le bon gars.

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