DE NÉGLIGÉE À MÉDAILLÉE
20 ans plus tard, Annie Pelletier se souvient du bronze remporté aux Jeux olympiques d’atlanta c
La vie de la Québécoise Annie Pelletier a basculé du tout au tout le soir du 31 juillet 1996. La plongeuse avait surpris le monde entier en décrochant la médaille de bronze au tremplin de 3 mètres aux Jeux olympiques d’atlanta.
Alors âgée de 22 ans, Pelletier n’était peut-être pas la plus talentueuse ni la plus expérimentée, mais elle était sans doute la plus déterminée.
«J’étais négligée, mais j’avais le couteau entre les dents, souligne l’ancienne athlète olympique, au téléphone, elle qui est à Rio pour analyser les épreuves de plongeon à Radio-canada. J’étais tellement déterminée et affamée. Je savais que j’étais capable. J’étais celle qui y croyait le plus.»
Vingt ans après son exploit, Pelletier a bien voulu se prêter au jeu et analyser sa propre performance.
TROISIÈME PLONGEON ATROCE
Dix-septième au terme de la ronde préliminaire, Pelletier avait obtenu son billet pour la finale de peine et de misère en s’emparant de la 12e place en demi-finale.
Après deux bons premiers plongeons, Pelletier, en quatrième position à ce moment, commet un énorme faux pas lors du troisième plongeon.
«Je ne suis jamais montée aussi haut que ça, analyse celle qui avait effectué un demi renversé. Il aurait fallu que je sorte de mon carpé une fraction de seconde plus tôt pour pointer les orteils vers l’avant.»
Les juges sont alors sans pitié pour la plongeuse de Montréal-nord, qui obtient un résultat poignant de 36 points, semblant indiquer qu’elle doit dire adieu à l’espoir d’une médaille. Sa plus haute note? 4,5.
RETOUR EN FORCE
Après cette éclaboussure, Pelletier oc- cupe le sixième rang provisoire. Les espoirs de médaille s’évaporent dangereusement.
«Je n’ai jamais senti que j’étais en avance ou en retard, car je ne regardais pas le tableau indicateur, mentionne-telle. J’avais mon walkman et j’écoutais du Céline Dion. Je pensais à mon plongeon suivant. Il était hors de question que je me mette à faire des mathématiques.»
Résiliente, Pelletier met ça derrière elle et enchaîne deux très bons sauts, dont le dernier – un trois et demi avant en position carpée – lui vaut 63 points, soit la deuxième note de la dernière ronde.
«J’ai donné tout ce que j’avais sur ce dernier plongeon, indique-t-elle. J’avais décidé de prendre des risques et de jouer le tout pour le tout. Je ne voulais pas appliquer les freins.»
MÉDAILLÉE POUR LA VIE
Première à s’être élancée en finale, Pelletier doit donc patienter une bonne vingtaine de minutes avant de connaître le résultat final. Son destin olympique est entre les mains de ses adversaires.
La Russe Irina Lashko est la dernière à s’exécuter. Elle saute, pénètre dans l’eau et ressort avec une médaille argentée.
La Québécoise aboutit sur la troisième marche du podium, à moins de trois points de Lashko.
«Si j’avais réussi mon troisième saut, j’aurais terminé deuxième, avoue-t-elle sans amertume. Mais de voir mon nom sur le tableau des médailles, j’étais tellement contente. Ça m’avait frappée de voir un nom de famille québécois aux côtés d’un nom chinois et d’un nom russe. Fu Mingxia, Lashko et Pelletier. Tout un contraste!
«Je suis tellement fière de m’être battue jusqu’à la fin, ajoute-t-elle. J’avais passé 15 années de ma vie à rêver à ce moment-là. C’était comme dans un film d’hollywood.»