Phelps se retire dans la gloire
«Étant père de famille, il a maintenant un but dans la vie», croit Audrey Lacroix
RIO DE JANEIRO | Audrey Lacroix a maintes fois croisé Michael Phelps au fil des années. La nageuse originaire de PontRouge a pratiquement le même âge que l’olympien le plus décoré de tous les temps, cette torpille américaine qui a récolté 28 médailles, dont 23 en or aux Jeux.
«Je crois que son nom de famille devrait apparaître dans le dictionnaire comme synonyme au mot gagnant, a raconté Lacroix, qui vient de tirer un trait sur sa carrière à l’âge de 32 ans. Je n’ai jamais vu un athlète aussi déterminé, aussi assoiffé de victoires que Michael Phelps.»
L’auteur de ces lignes a eu le bonheur d’assister vendredi soir à la dernière finale individuelle de la carrière olympique de Phelps.
On a pu constater qu’il est humain puisqu’il a été battu au 100 mètres papillon par un Singapourien de 10 ans son cadet, Joseph Schooling.
C’était la stupéfaction chez les spectateurs massés dans les gradins.
RIEN D’ORDINAIRE POUR PHELPS
Il n’est pas arrivé souvent à Phelps de terminer une épreuve au deuxième rang. Mais même lorsqu’il ne gagne pas la course, Phelps trouve une façon de passer à l’histoire.
On a assisté à quelque chose d’inédit aux Jeux olympiques vendredi puisqu’il y a eu une triple égalité au deuxième rang entre Phelps, Chad le Clos et Laszlo Cseh.
Les trois athlètes ont arrêté le chronomètre à 51,14 secondes. Il n’y a décidément jamais rien d’ordinaire dans le cas de Phelps.
BEL ET BIEN TERMINÉ POUR LUI
Il a profité d’un point de presse cette semaine pour confirmer une fois de plus qu’il s’agissait bel et bien de ses cinquièmes et derniers Jeux.
«Je ne vais pas faire quatre ans de plus. Si je suis à Tokyo en 2020, ce ne sera pas pour nager, a assuré Phelps. Je suis bien heureux d’avoir pu terminer ma carrière en beauté. Je suis dans un meilleur état d’esprit qu’en 2012.
«Je veux passer du temps avec ma fiancée, Nicole, et je veux voir grandir notre fils Boomer, âgé de 3 mois.»
UN BUT DANS LA VIE
Lacroix croit que Phelps saura maintenant trouver la sérénité dans sa vie de retraité, lui qui avait sombré dans l’alcoolisme et la dépression il y a deux ans, même s’il est riche à craquer.
«Je le comprends de vouloir s’arrêter, a-t-elle dit. Le corps s’use après autant d’années d’entraînement intense.»
Phelps n’a pas caché qu’il est fatigué physiquement. «Je souffre, j’ai mal aux jambes», a-t-il avoué, après avoir décroché sa quatrième médaille d’or des Jeux au 200 mètres quatre nages.
«Phelps s’est cherché après avoir pris sa retraite à l’issue des Jeux de Londres, a raconté Lacroix. Maintenant qu’il est père de famille, il s’est trouvé un but dans la vie. Sa famille est devenue sa priorité. Ça paraît que ça lui tient à coeur.»
PAS DE DEMI-MESURE
Lacroix se souviendra d’un athlète pour qui il n’y avait jamais de demi-mesure.
«J’ai côtoyé Michael Phelps pendant trois cycles olympiques et j’ai toujours été impressionnée par sa préparation avant chaque épreuve.
«Il aurait pu lever le pied à l’entraînement et il aurait tout de même remporté une dizaine de médailles tellement il est talentueux. Il a cependant travaillé si fort qu’il termine sa carrière avec 28 médailles.
«C’est fabuleux, a ajouté Lacroix. Phelps a décidé de participer à ses cinquièmes Jeux même s’il n’avait plus rien à prouver.
«Après une brève retraite, il est revenu à la compétition pour le plaisir de nager. Il savait qu’il pouvait encore être compétitif face à l’élite mondiale et il l’a démontré de brillante façon à Rio.
«C’est phénoménal ce qu’il vient d’accomplir à ses derniers Jeux parce qu’il a dû surmonter une période difficile dans la vie. Il a toute mon admiration.»
« je le comprends de vouloir s’arrêter »