Le Journal de Quebec

24heures d’horreur Aux mains d’un monstre

Quelques heures Après son Arrestatio­n, quand un enquêteur lui A demandé s’il Comptait devenir un tueur en série, Patrick Lévesque Paquette A hésité huit longues secondes Avant de répondre: «On va dire que non...» Enlevée, menottée et Agressée pendant 24 h

- Claudia Berthiaume l Cberthiaum­ejdm

Patrick Lévesque Paquette avait tout planifié, tout prémédité. Cela faisait deux semaines que le résident de Québec traquait Chloé (nom fictif), dans le but de cocher un des éléments de sa check list. Sur sa liste de choses à faire: violer une femme.

«Je sais que ce n’est pas normal, mais je le fais pareil. Ce qui est normal n’est pas nécessaire­ment ce qui est bien, c’est juste la norme», a dit le violeur à l’enquêteur Patrick Larrivée, de la police de Richelieu-saint-laurent, lors de son interrogat­oire de sept heures.

En novembre 2015, Chloé a placé une annonce sur le site Craigslist pour acheter un médicament s’apparentan­t à la morphine. Patrick Lévesque Paquette répond à cette annonce, en utilisant le faux nom de Patrick Gagnon.

Il propose à Chloé du Dilaudid, un puissant narcotique. Dix comprimés d’un milligramm­e pour 20 $, livraison incluse.

UNE PROIE VULNÉRABLE

«C’était une belle opportunit­é, elle était vulnérable, vu son objectif de se procurer de la drogue», s’est vanté par la suite l’homme de 25 ans à l’enquêteur.

Il pensait que Chloé était une junkie et qu’elle ne dirait à personne qu’elle avait un rendezvous avec lui.

Chloé et l’homme échangent courriels et photos pendant les deux semaines qui suivent. Le but: s’assurer qu’aucune des deux parties n’est un flic.

Puis, un rendez-vous est convenu, le 30 novembre 2015 à 14 h 30. Chloé tenait à ce que ça se fasse dans un lieu public. L’accusé propose le parc Raymond-préfontain­e, situé tout près de la station de métro du même nom. Il a choisi cet endroit, qui se trouve à 240 km de chez lui, en faisant des recherches sur Google Map.

Lévesque Paquette dit à Chloé qu’il sera vêtu de noir et qu’il l’attendra en lisant un livre, sur un banc, près du skate park.

Le jour venu, il prend une douche et saute dans sa Hyundai Santa Fe, direction la métropole.

Avant de quitter Québec, il prend soin d’aller acheter des sandwichs, des fruits et des légumes. Il en aura besoin plus tard, quand Chloé sera séquestrée.

Lévesque Paquette arrive au lieu de rendez-vous vers 14 h 10. Il se stationne à proximité du parc et s’installe sur un banc, avec un livre, comme prévu.

«Bonjour, Patrick!» lui lance Chloé, en anglais. Elle lui tend alors un paquet de cigarettes vide, dans lequel elle avait préalablem­ent mis un billet de 20 $.

«Je ne fume pas», lui répond-il, sans ouvrir le paquet. «C’est pour le paiement», rétorque Chloé. Lévesque Paquette réalise qu’il a devant lui celle qui va devenir sa proie pour les 24 prochaines heures.

UN FAUX POLICIER

Il l’invite à monter dans son véhicule utilitaire sport, où se trouve la drogue. L’agresseur s’assoit sur le siège du conducteur et Chloé sur celui du passager avant. Il ouvre le cendrier du VUS.

Chloé saisit le sachet de Dilaudid et s’apprête à sortir du véhicule.

«Une dernière chose...», lance Lévesque Paquette, en brandissan­t une paire de menottes.

Croyant qu’elle venait de se faire piéger par un policier en civil, Chloé ne résiste pas. La femme de 25 ans tend même les mains à son agresseur pour qu’il la menotte.

«Se faire passer pour un policier, c’était une façon facile de l’enlever sans avoir à utiliser la force», dit-il.

Il lui demande son permis de conduire et lui pose une multitude de questions sur son identité. Chloé ne répond pas aux questions. Elle se croit en état d’arrestatio­n.

«C’est correct de garder le silence», lui dit Lévesque Paquette, ajoutant qu’il lui lira bientôt ses droits.

Il démarre son véhicule et dit à Chloé qu’ils vont se rendre à la station de métro Joliette, située 650 m plus loin.

Mais ce n’est pas là que le kidnappeur compte aller. Chloé s’en rend vite compte lorsqu’elle le voit tourner en rond dans un quartier résidentie­l de l’est de Montréal, puis prendre le tunnel

Louis-hippolyte-la Fontaine en direction de la Rive-sud.

dans un cul-de-sac

Elle commence à s’inquiéter. «Soit je viens de me faire arrêter et je suis dans le trouble, soit je vais me faire violer et tuer par cet homme», se dit-elle.

«Où est-ce qu’on va?» demande finalement Chloé.

«À Saint-hyacinthe. Mon bureau est là-bas», répond Lévesque Paquette.

Mais il ne se dirige pas du tout là où mènent les panneaux annonçant le poste de police que Chloé a vus sur l’autoroute 20. C’est de plus en plus étrange, se dit la jeune femme.

L’agresseur conduit jusqu’à un quartier industriel. Il s’arrête dans un cul-de-sac, près d’un boisé.

«J’imagine que tu as compris maintenant que je ne suis pas un flic», lancet-il à Chloé, ajoutant qu’il l’a amenée jusque-là pour avoir du sexe avec elle.

«NON!» répond-elle catégoriqu­ement.

«C’est la pire chose qui peut arriver à une femme», continue Chloé.

Elle essaie ensuite de négocier pour que le kidnappeur la ramène chez elle. Il la reconduira à Montréal seulement après qu’ils aient eu des relations sexuelles, tranche-t-il. Chloé peut collaborer ou non, mais Lévesque Paquette a la ferme intention de la violer. Il le lui dit clairement.

instinct de survie

Ça peut se faire en douceur ou elle peut être battue et laissée dans un fossé, précise le kidnappeur. Agissant par instinct de survie, Chloé se résout à «collaborer».

Afin que sa victime ne se sauve pas, il lui menotte une main à l’appui-tête du siège du conducteur avec une contention en velcro. Il la somme de se dévêtir.

Lévesque Paquette promet à Chloé qu’elle n’aura pas d’ecchymoses.

Il est plus de 16 h, mais il fait encore clair dehors. Chloé voit arriver un camion, qui se stationne près du boisé. C’est un homme qui va promener son chien.

«C’est ma chance de me sauver», se dit-elle. Le temps d’un éclair, Chloé arrache le velcro qui la retient au siège, débarre sa portière et tente de fuir.

Mais son bourreau la rattrape instantané­ment. Elle glisse au sol. Il tente de la ramener dans le véhicule en lui faisant une clé à la gorge. Chloé se débat. Elle ne veut pas être menottée à nouveau. «À l’aide!» hurle-t-elle.

Lévesque Paquette la pousse hors du VUS. Il en sort en vitesse et la plaque au sol. Il est plus grand et plus fort qu’elle.

«Si tu ne veux pas aller dans l’auto, on va aller dans le bois», lui dit-il.

un couteau menaçant

Chloé se débat plus fort, jusqu’à ce que son kidnappeur lui montre qu’il a un couteau à sa taille.

«Ne me fais pas utiliser mon couteau», la menace-t-il.

Chloé cesse de bouger. Son agresseur la traîne dans le coffre du véhicule utilitaire sport.

Les sièges sont rabattus. Lévesque Paquette a déjà fixé une paire de menottes à un ancrage de chaque côté du coffre. Il a tout prévu.

Le kidnappeur attache Chloé, les bras en croix, couchée sur le dos, au fond du VUS. La noirceur vient de tomber à l’extérieur.

Il lui dit qu’ils doivent changer d’endroit. C’est de sa faute puisqu’elle a crié et qu’elle s’est débattue, note le violeur.

Il conduit pendant une quinzaine de minutes, puis s’arrête dans un rang près de l’autoroute 20. C’est l’endroit qu’il a choisi pour la violer.

Il commence à faire froid, alors Lévesque Paquette donne une couverture à Chloé.

À ce moment-là, elle ne souhaite qu’une chose: que son calvaire prenne fin le plus rapidement possible.

Lévesque Paquette agresse sexuelleme­nt Chloé, sans condom. Puis, il se blottit contre elle. Chloé est toujours attachée au VUS.

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s’est terminé lorsqu’il Le périple de Patrick Lévesque Paquette 1. à Beloeil. 2. Il avait insa heurté un arbre et un panneau d’arrêt de sa Hyundai Santa tallé des menottes ( à gauche) dans le coffre toujours attachée au Fe. Une contention en velcro rouge était 3. fouillé le véhicule. levier de vitesse quand les policiers ont apporté un drap en Patrick Lévesque Paquette avait même 4. satin rouge. 1
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sandra bilodeau Procureure

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