Deux visions bien différentes de l’avenir
(LA HAVANE, CUBA) Ameublement Elvis et le groupe Lussier sont des précurseurs des partenariats d’affaires sur l’île communiste. Établies depuis 25 ans à Cuba, ces entreprises ont des visions opposées lorsqu’il s’agit d’aborder les nouveaux investissements étrangers et l’inévitable retour des Américains: l’une y voit une grande opportunité d’affaires, l’autre est très pessimiste.
«Ils m’en parlent… Quand les Américains vont rentrer… Je ne sais pas quels Québécois ou Canadiens vont pouvoir continuer. Je ne sais pas quel produit ils vont avoir que les Américains n’auront pas. Parce qu’ils ont tout et tout est moins cher», soutient Daniel Côté, propriétaire d’ameublement Elvis à Montréal. «Je vais probablement être l’un des premiers à sortir de là.»
L’investisseur est arrivé sur l’île la première fois en 1991 pour y vendre ses électroménagers d’occasion. Il a rapidement signé un contrat avec l’état cubain.
Il devait envoyer des électroménagers par conteneur à Cuba et, une fois là-bas, l’entreprise d’état s’occupait de la vente. «Je les mettais en consignation. Ils voulaient avoir des stocks d’environ 1000 appareils. Ils me payaient au fur et à mesure que c’était vendu», mentionne Daniel. «Encore à ce jour, ce partenariat tient. Il a changé un peu, je vends du neuf, maintenant.» Il a développé une relation d’amitié avec de nombreuses personnes sur l’île.
NOUVEAUX PARTENARIATS
Nancy Lussier, petite-fille du fondateur du Groupe Lussier, une entreprise de Montréal, n’est pas du même avis. Directrice de Terracam Équipement, la filiale de l’entreprise qui fait affaire avec Cuba, Mmelussier voit dans le retour des Américains une opportunité pour de nouveaux partenariats.
«Toutes les transitions de l’économie cubaine, ce sont des opportunités d’affaires. On ne ressent pas, sur le terrain, qu’on va nous mettre de côté.»
Sa famille a débarqué sur l’île il y a bientôt trois décennies.
«On vend des pièces de camion neuves, des pièces remanufacturées et des véhicules lourds à Cuba. On a un centre de distribution là-bas», explique la dame, soulignant qu’il s’agissait d’un partenariat avec des entreprises d’état et des entreprises mixtes. «On représente aussi plusieurs fabricants québécois», indiquet-elle.
La relation avec ses partenaires est au plus fort, même avec toutes les lois sur les investissements et les rumeurs d’un retour des Américains. «C’est un partenariat qui s’est bâti au fur et à mesure», précise Mme Lussier, qui est également présidente de la Chambre de commerce Canada Cuba. «On connaît la culture. On connaît l’importance du partenariat», ditelle. Elle soutient néanmoins que les Québécois qui désirent investir à Cuba doivent rester vigilants. «Oui, tout est à faire ici. Mais pour les entreprises qui souhaitent s’établir à Cuba, ça prend un certain niveau de préparation», conclutelle.