Le Journal de Quebec

Des câlins à des inconnus

La journée où Hugues Fournel a obtenu son billet pour Rio Louis Butcher

- L Lbutcherjd­m

RIO DE JANEIRO | Hugues Fournel a su pratiqueme­nt à la dernière minute qu’il obtiendrai­t son billet pour les Jeux olympiques de Rio.

Son entraîneur, Frédéric Jobin, lui a en effet annoncé la bonne nouvelle que le 31 juillet dernier.

Le kayakiste originaire de Lachine est inscrit à l’épreuve de K2 200 mètres en compagnie de son fidèle partenaire Ryan Cochrane, avec qui il a participé à six Championna­ts du monde ainsi qu’au Jeux de Londres il y a quatre ans.

Si l’équipage canadien s’est vu offrir cette place inespérée, c’est en raison de la suspension imposée à Alexander Dyachenko, champion olympique de la spécialité, qui figure au nombre de la centaine de membres de la délégation russe liés à un scandale de dopage. Arrivé hier au Brésil, Fournel a rencontré les médias à la Maison olympique du Canada situé à quelques pas du majestueux bassin du Stade Lagoa, près de la plage de Leblon.

C’est à cet endroit qu’il tentera ce mer- credi de se qualifier pour la finale du lendemain et de faire encore mieux qu’en 2012, où il avait rallié l’arrivée à la septième place.

«Je suis enfin arrivé, a-t-il déclaré. C’est un grand soulagemen­t. On a vécu des moments stressants pendant quelques jours pour savoir si, d’abord, une embarcatio­n canadienne était acceptée.

«Puis ce fut encore plus stressant de connaître l’identité de ceux qui seraient à bord. Les candidats étaient nombreux. Notre pays a beaucoup de profondeur, en kayak.»

À LA MAISON, SUR LE DIVAN

L’athlète de 28 ans se rappelle exactement du moment où il a obtenu la confirmati­on de sa place au sein de la formation canadienne. «J’étais à la maison, à Lac-beauport, avec ma femme et mes deux chiens, étendu sur le divan quand Fred m’a contacté par texto, a-t-il expliqué. Il me demandait de me rendre immédiatem­ent à un resto, le Subtil, à Lebourgneu­f, que lui et moi fréquenton­s régulièrem­ent.

«Je savais dès lors, a renchéri Fournel, qu’il m’annoncerai­t que j’allais à Rio ou que je n’y allais… pas.

«Alors j’embarque dans ma voiture, dit-il. J’étais seul et j’avais des sueurs froides. Toutes les idées me passaient par la tête.

«Il n’avait rien dit dans son texto. Il voulait me l’annoncer devant moi. Je savais toutefois qu’il ne passerait pas par quatre chemins. Qu’il me dirait toute de suite ce qui se passe. En arrivant à sa table, il m’a dit que c’était moi. Honnêtemen­t, mes genoux ont fléchi.»

UN COUPLE STUPÉFAIT

Il s’est adonné qu’un couple inconnu était attablé à proximité. Sans le vouloir, l’homme et la femme ont été mêlés aux célébratio­ns.

«Je suis un gars émotif, a relaté Fournel. Je devais le partager avec quelqu’un. Je me suis dirigé vers ce couple charmant qui était en train de manger.

«Je lui fais une grosse caresse. La dame me regarde et n’a aucune idée de ce qu’il se passe. Son mari me surveille. J’ai les yeux pleins d’eau. Et je lui dis que je vais à Rio.

«La dame me jette un regard et ne comprend toujours pas. Elle me demande: vous êtes sérieux, vous allez à Rio ?

«Je retourne vers Fred, mais l’homme et la dame ne voulaient plus nous lâcher. Ils nous ont posé mille et une questions. Ils voulaient tout savoir. Il a fallu leur expliquer que j’étais un athlète qui venait d’apprendre que je participai­s aux Jeux olympiques.

«La scène était magique et ce couple a voulu partager la bonne nouvelle avec nous pour le reste de leur repas.»

 ??  ?? Le kayakiste Hugues Fournel ( à droite) est inscrit à l’épreuve de K2 200 mètres en compagnie de son fidèle partenaire Ryan Cochrane. En mortaise, tout souriant avec sa soeur Émilie et son entraîneur Frédéric Jobin.
Le kayakiste Hugues Fournel ( à droite) est inscrit à l’épreuve de K2 200 mètres en compagnie de son fidèle partenaire Ryan Cochrane. En mortaise, tout souriant avec sa soeur Émilie et son entraîneur Frédéric Jobin.
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