Le Journal de Quebec

Ne pas perdre la tête...

- Philippe Lapeyrie Collaborat­ion spéciale

Le fait qu’un chroniqueu­r en vins et/ou un sommelier déguste 30, 40 ou 50 échantillo­ns alcoolisés dans la même journée peut paraître assez «spécial» pour le commun des mortels. Beaucoup de gens me demandent «comment tu fais pour ne pas perdre la tête en goûtant tous ces vins?» C’est assez simple, je prends des notes, mais aussi, et surtout... Je ne les avale pas, je recrache tout!

Le «marathon-dégustatio­n-rédaction» de mon guide annuel et la préparatio­n de mes différente­s chroniques me font déguster grosso modo 2500 vins (en plus de bières, cidres et spiritueux) par année. Ça représente des dégustatio­ns d’une quarantain­e de vins par jour à 23 jours par semaine. Le sommelier Mathieu Saint-amour, qui est l’un de nos précieux collaborat­eurs, et moi ouvrons et dégustons ces bouteilles entre 8 h le matin et midi, puis en après-midi, je transcris mes impression­s de dégustatio­n à propos des flacons qui nous ont offert plaisir et entière satisfacti­on. Quand on n’aime pas, on n’en parle pas, un point c’est tout.

MOMENTPROP­ICE

Le matin nos sens sont aux aguets et ils sont bien stimulés, c’est un moment qui est fort propice à la dégustatio­n. Le contraire serait par exemple d’essayer de faire une bonne analyse organolept­ique en début d’après-midi après une grosse assiette de pâtes ou un steak... Ouf, ce serait beaucoup moins évident! Alors oui, en un avant-midi, nous pouvons déguster jusqu’à 40 voire 50 produits. Il y a bien sûr un certain crescendo à respecter, alors on n’ouvre pas toutes les fioles pour les goûter de façon aléatoire. Les plus légers, les moins boisés, les plus souples et compagnie avant les plus structurés et plus tanniques. Deux jours par semaine pour les rouges et une journée pour les blancs.

RECRACHER

On recrache bien sûr tous ces alcools. Nul besoin de vous dire que nous n’avalons pas tous ces produits. On les décortique au niveau visuel, olfactif et gustatif puis on donne notre appréciati­on d’ensemble en recrachant bien sûr tous ces alcools. Oui, on perçoit aussi bien les saveurs et les arômes d’un vin, et ce, même si on ne l’avale pas, et en plus on garde notre tête bien fraîche pour, par la suite, donner un bon descriptif des bouteilles que nous avons aimées.

Quelques experts en dégustatio­n goûtent à encore plus d’échantillo­ns en rafale que votre marchand de bonheur du Journal de Québec.

Je pense au critique américain Robert Parker qui est apte à décortique­r et analyser pas moins de 90 vins quotidienn­ement. Notre sommelière bionique, Véronique Rivest, affirme aussi parfois déguster plus ou moins 80 produits dans la même journée. Une bonne bière bien fraîche est de mise après tout ça!

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