Incursion dans l’univers du rêve
Après avoir partagé le deuil de sa fille avec des milliers de lecteurs avec son récit Je m’appelle Marie, en 2007, le journaliste, animateur et auteur Christian Tétreault s’est servi de l’univers de la fiction pour écrire Sarah et moi, un roman qui rend h
Emma vient d’écosse et Sarah, d’une tribu autochtone de la Saskatchewan. Elles se sont rencontrées au berceau: leurs mères, adolescentes, les ont abandonnées à la pouponnière. Marie-andrée, une travailleuse sociale, les a adoptées et élevées comme deux soeurs.
À l’âge de 15 ans, c’est le drame. Sarah tombe dans le coma après un accident. Emma est effondrée, puis se rend compte que la tragédie ouvre la porte à un nouvel univers. Elle vivra pour Sarah et pourra grâce au monde du rêve, découvrir des territoires extraordinaires.
« FASCINÉ PAR LES RÊVES »
«J’ai toujours été fasciné par les rêves, au point où je fais maintenant ce qu’on appelle les rêves lucides», confie Christian Tétreault, en entrevue. Précision? «Ce sont des rêves dont tu peux contrôler les issues. Pour exercer ma mémoire, je me réveille deux ou trois fois par nuit, et je me souviens de tous les détails de mes rêves. Je trouve que le rêve a un potentiel in- croyable pour un auteur: tu n’as plus de lois. Et le lecteur accepte ces illogismes. Si tu veux écrire quelque chose d’original et d’intéressant, dans ce monde, c’est illimité.» Le deuil de sa seule fille l’a également poussé à écrire. «J’ai eu quatre enfants. Ma fille est morte à deux ans et demi et ça va faire 31 ans. Depuis cet événement qui m’a marqué au fer rouge, je rêve continuellement à ma fille. Mais dans mes rêves, elle a toujours deux ans et demi. J’ai toujours été intrigué par ce qu’elle serait devenue à 10 ans, à 15 ans, à 20 ans. Comment elle serait aujourd’hui? Est-ce que je serais grand-père?», se questionne-t-il.
DU bien
Il précise avoir vécu toute sa vie un peu dans la tête de sa fille, jour après jour. «Pour moi, c’était très important d’écrire une histoire qui concerne des filles, qui se passe dans un univers féminin. Les personnages principaux sont des filles et il y en a une qui est dans le coma, et l’autre est très vivante, comme je pense aurait été ma fille. Est-ce qu’elle aurait été sportive? Intellectuelle? Est-ce qu’elle au- rait le même caractère que sa mère?»
L’écriture lui a fait beaucoup de bien, lui qui aime voyager dans l’univers des rêves et de l’inconscient. «Ce n’est pas si innocent que ça, ce qu’on vit dans nos rêves. Il y a des messages qui, parfois, rejoignent la réalité», observe-t-il.
Christian Tétreault profite aussi du roman pour réhabiliter certains personnages de l’histoire, comme Erwin Rommel, le général allemand surnommé «Le renard du désert». «Il n’a jamais été condamné: il a été forcé au suicide par Hitler. C’était un général absolument redoutable mais son but était de mettre la main sur l’éthiopie et gagner sa bataille du désert. C’était un militaire. On l’a souvent mis dans la sauce des nazis, dans ce qu’ils avaient de plus dégueulasse, alors qu’il n’avait pas d’affaire là. Dans les rêves d’emma et dans l’inconscient de Sarah, 24 heures sur 24 dans le coma, elles rencontrent ces gens. Pour imager cette réhabilitation, j’ai ajouté un autre personnage: Anne Frank. J’ai emprunté cette façon d’écrire: Emma est narratrice et écrit aux lecteurs.» » Animateur, chroniqueur, éditorialiste de sport, Christian Tétreault est aussi concepteur et rédacteur pour la télévision. Il a écrit 10 livres, dont Histoires de sports.