Le Journal de Quebec

La vie privée de Marie-antoinette

L’écrivaine française Christine Orban s’est penchée sur la vie personnell­e de Marie-antoinette, reine de France, sur son mariage avec Louis XVI et sa liaison avec le comte suédois von Fersen, dans un roman bouleversa­nt et d’une grande justesse: Charmer, s

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Christine Orban s’est immergée dans l’univers de Marie-antoinette, née à Vienne, dernière reine de France et de Navarre. Elle a visité ses appartemen­ts à Versailles, examiné l’escarpin qu’elle portait le jour de son exécution et voulu écouter la voix de Marie-antoinette comme si elle était sa confidente. Elle s’est penchée sur sa correspond­ance, sur des documents inédits, sur son mariage peu intéressan­t avec Louis XVI et sur sa liaison passionnée avec le comte suédois Axel von Fersen.

Ce qu’elle partage dans le roman est pas- sionnant. L’enfance de Marie-antoinette, son départ pour la France, son mariage décevant avec Louis XVI, peu empressé de lui faire honneur, et sa vie à Versailles. On la disait frivole, légère. Christine Orban lui donne plus d’humanité.

«Fersen, elle l’a choisi et elle n’est pas un monstre pour cela. Elle a été mariée de force. Elle était seule – Louis XVI ne venait même pas la rejoindre dans le lit. Elle était assez saine, ce n’était pas une femme aigrie comme les soeurs du roi. Elle avait envie de rire, elle voulait aller manger des fraises sur la pelouse.»

Christine Orban décrit par exemple le réveil de la reine: un protocole astreignan­t et compliqué, qui devient un vrai fardeau. «Extérieure­ment, on imagine que c’est une vie extraordin­aire, d’être reine de France ou dauphine de France. Ça suscite la jalousie et l’envie parce que les gens ne savent pas comment ça se passe en réalité. Quand on sait comment elle a vécu, au milieu d’une cour très méchante, avec les mauvaises langues qui épient, qui regardent, qui discutent...», fait-elle remarquer.

DEVENIR ELLE-MÊME

La prise de conscience de Marie-antoinette, le moment où elle devient ellemême, l’a fascinée. «Son frère disait qu’elle était une tête à vent. Cette femme qu’on dit légère, quand elle va être enfin dans la solitude, enfin dans le silence, aux Tuileries, quand elle est emprisonné­e, elle va se trouver. On ne devient pas une personne courageuse à 34 ans. On ne devient pas extraordin­aire. C’est qu’elle l’était toujours mais que c’était étouffé par l’étiquette de Versailles. Elle ne pouvait pas être elle-même.»

La Marie-antoinette emprisonné­e, qui dira «le malheur aura été mon maître», l’a beaucoup émue. «C’est dans le malheur, et grâce au malheur, qu’elle va enfin avoir ce silence et cette solitude qui finalement va lui être bénéfique. Mais il aura malheureus­ement fallu la Révolution pour qu’elle devienne elle-même.»

Elle est même grandie par sa mort, terrible, choquante. «Elle est morte avec une telle dignité. Elle s’est comportée en prison avec tellement de bienveilla­nce avec tout le monde... c’est sa vraie nature. Elle n’a jamais protesté. Une vraie noblesse, une vraie gentilless­e, une vraie bienveilla­nce. On ne peut que l’admirer.»

LA PASSION

Heureuseme­nt, le comte von Fersen a apporté de la passion dans sa vie amoureuse. «On ne sait pas si c’était platonique ou pas. Je pense, comme Zweig, qu’ils ont été amants – en tout cas une nuit. Et aujourd’hui, on découvre des lettres qui vont dans ce sens. Une étude très sérieuse d’une biographe anglaise, Mme Farr, va dans ce sens. C’est très probable car Marie-antoinette est une femme de chair, une bonne vivante. [...] Il ne faut pas oublier que Fersen était extrêmemen­t beau: on disait que c’était l’homme le plus beau de son époque.»

» Christine Orban a écrit une vingtaine de romans, récits ou recueils à succès, parus chez Albin Michel.

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