La nouvelle vie de Sophie Chiasson
LA CHRONIQUE DE KARINE GAGNON
L’année 2017 arrive comme une bouffée de fraîcheur pour Sophie Chiasson, qui s’avère plus occupée que jamais grâce à une foule de projets enivrants, dont celui de son retour comme animatrice à la télévision.
«On va mettre quelque chose au clair. Je n’ai jamais quitté complètement le monde des communications. J’ai fait autre chose aussi, mais je ne suis pas partie, déclare-t-elle d’entrée de jeu. Je n’ai jamais quitté le Québec non plus.»
Les deux dernières années se sont avérées essoufflantes pour Sophie Chiasson, originaire de Québec. La maladie auto-immune dégénérative de sa mère l’éprouve notamment beaucoup. Mais elle n’est pas du genre à se laisser abattre, pour ceux qui ne le savent pas encore.
TÉLÉVISION ET LIVRE
Ainsi planche-t-elle sur un projet télé pour 2017, sur lequel elle préfère ne pas donner de détails encore, un projet de livre – un vieux rêve de 25 ans –, en plus d’être porte-parole pour différents organismes. Elle est aussi devenue ambassadrice pour Dermaveda, clinique de soins médico-esthétiques, et conserve des liens avec l’afrique, où elle a passé quelques mois en 2007 pour venir en aide aux femmes et aux enfants.
Avec un pied à Québec, un pied à Montréal, celle qui ne se destinait pas à une carrière en communications – elle avait étudié en relations publiques et planifiait un doctorat en philosophie – nourrit même un projet d’entreprise avec une amie.
Sophie Chiasson a toujours été ainsi. Dans l’épreuve, elle se connecte à de beaux projets et rebondit.
Elle applique aussi une phrase d’ingrid Bétancourt, politicienne qui avait été prise en otage en Colombie, et avec qui elle a eu la chance de travailler. Une phrase qui a changé sa perspective face à la méchanceté, et que je trouve des plus inspirantes: «Tu sais Sophie, chaque fois qu’une personne tente de te détruire ou de te diminuer, ce n’est pas à toi personnellement qu’elle s’adresse, mais à ce que tu représentes.»
COMBAT DE JÉRÉMY
Je lui avais d’ailleurs promis de ne pas amorcer ma chronique en parlant du combat qu’elle a mené contre CHOI, il y a 11 ans déjà. Elle ne veut pas nommer l’animateur en question ni en parler. Depuis, tous les articles à son sujet ont débuté là-dessus, alors qu’elle a fait bien autre chose, et qu’elle préfère de loin regarder vers l’avenir. Chose promise, chose due.
Mais ce combat qu’elle a mené, et qui a permis de fixer d’importantes balises pour empêcher que d’autres personnes ne se fassent aussi détruire de façon gratuite et ignoble sur les ondes, s’est imposé de luimême au cours de l’entrevue. À travers la poursuite de Jérémy Gabriel contre l’humoriste Mike Ward, pour des propos horribles censés être drôles, et qui a ramené dans l’actualité le débat sur la liberté d’expression.
«Je n’entretiens pas d’amertume par rapport à cet épisode [sa propre poursuite], mais j’étais heureuse que le débat renaisse dernièrement avec d’autres acteurs et de voir que la conscience publique avait évolué. C’est clair pour moi qu’elle a évolué.»
Cette fois, se réjouit Mme Chiasson, la majorité a compris que ce qui se cachait à l’époque sous la bannière de la liberté d’expression, c’était le droit à la diffamation.
«C’était très habile il y a 11 ans de plaider la liberté d’expression pour dire ce qu’on avait envie de dire, analyse-t-elle. Onze ans plus tard, avec tout le bagage que le Québec possède en cette matière, les gens ont compris que ce que les défenseurs de la soi-disant liberté d’expression demandent, c’est le droit de rire des gens, de les attaquer gratuitement, de raconter des mensonges purs, et en bout de ligne de les détruire.»
« LA LOI EST CLAIRE »
La censure, ce serait d’empêcher monsieur X ou Y de présenter un numéro d’humour ou de parler à la radio, dit-elle sans jamais nommer quiconque. À l’ère où la société dénonce l’intimidation, que les dommages sont réels et beaucoup plus insidieux qu’on aurait pu le croire, la masse critique a évolué, dit-elle.
«Je ne peux pas croire qu’on puisse avancer que de détruire quelqu’un avec des mots, je peux pas croire qu’on puisse mettre de l’avant la liberté d’expression. La loi est claire. C’est pas moi qui le dis.»
Comme quoi on ne sort pas la combattante de la femme, dont on n’a sûrement pas fini d’entendre parler dans la prochaine année. Pour les bonnes raisons, enfin.