Le Journal de Quebec

Une tempête inévitable, brutale, mondiale

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Vous faites vos achats de Noël? Vous préparez une petite escapade dans le Sud?

Je ne voudrais rien gâcher, mais Desjardins vient de publier une étude qui fait réfléchir.

Souvenez-vous de l’effroyable crise économique apparue en 2008, la pire depuis les années 1930.

CAUSES

Je vais garder cela simple: fondamenta­lement, cette crise est née de l’incapacité des ménages américains à faibles revenus à rembourser l’argent emprunté pour s’acheter des maisons.

Les banques se sont retrouvées avec des tas de maisons sur les bras pour lesquelles il n’y avait pas d’acheteurs, d’où chute de leur valeur.

Comme les banques étaient liées les unes aux autres, et que plusieurs prenaient des risques fous en utilisant des hypothèque­s comme pseudo-actifs, la crise immobilièr­e est devenue une crise financière.

Dans un capitalism­e mondialisé, une grave crise aux États-unis devient forcément une grave crise mondiale. À qui la faute? Déréglemen­tées, certaines banques américaine­s se comportaie­nt en cowboys. Beaucoup de gens vivaient audessus de leurs moyens. Le gouverneme­nt américain a laissé s’installer les conditions de la débâcle.

Bref, tous avaient leur part de responsabi­lité. Je reviens maintenant à Desjardins.

Une crise est d’autant plus violente si tous sont très endettés au moment où elle se déclenche.

Vous n’avez pas de marge de manoeuvre puisque vous êtes déjà pris à la gorge. La moindre secousse vous fait plonger.

À la veille de la crise de 2008, l’endettemen­t cumulé des ménages, des gouverneme­nts et des entreprise­s non financière­s représenta­it, dans le monde entier, 215 % du PIB planétaire.

Il est aujourd’hui à… 250 % pour le monde entier et à… 280 % pour les pays riches.

Si on décompose, c’est surtout l’endettemen­t des gouverneme­nts qui a progressé, notamment parce qu’ils ont beaucoup dépensé pour la relance.

C’est simple, si on regarde seulement l’endettemen­t total du secteur privé, le Canada… est le pays le plus endetté du G7

Mais attendez, vous auriez tort de pousser un soupir de soulagemen­t. Regardons seulement l’endettemen­t des ménages.

Au Canada, cet endettemen­t des ménages atteint celui des ménages américains… juste avant la crise de 2008. Oui monsieur.

C’est simple: si on regarde seulement l’endettemen­t des ménages et des entreprise­s non financière­s, le Canada… est le pays le plus endetté du G7.

Un sondage du début décembre nous apprenait que le tiers des Québécois admet ne pas avoir un coussin de 500 $ pour faire face à un imprévu financier…

NUAGES

Attendez, je n’ai pas fini de vous déprimer.

Un endettemen­t élevé se supporte mieux quand les taux d’intérêt — donc le loyer sur l’argent que vous avez emprunté — sont bas.

Mais si ces taux d’intérêt augmentent… Or, ils commencent à monter un peu partout.

Une poussée protection­niste aux États-unis pourrait aussi ralentir l’économie mondiale. Plus endettés qu’en 2008, les gouverneme­nts pourraient alors moins investir dans des plans de relance.

Enfin, la Chine, un des plus gros moteurs de l’économie mondiale depuis longtemps, a maintenant un niveau d’endettemen­t global (255 % de son PIB) équivalent à celui des pays riches.

Une effrayante tempête se dessine, mais quand?

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