Le Journal de Quebec

La marijuana et le cerveau

- cmario. dumont @quebecorme­dia.com L@ mariodumon­t

Dans l’excitation autour de la légalisati­on de la marijuana, serions-nous en train de laisser derrière nous des principes élémentair­es de protection de nos jeunes? Le rapport remis au gouverneme­nt cette semaine présente comme une évidence que ce produit devrait être accessible au même âge que l’alcool. Donc 18 ans au Québec.

Cette suggestion semble avoir été acceptée au nom du fait que ce serait la plus simple du point de vue commercial. À 18 ans, tu as droit à tout. Or la moindre consultati­on de la documentat­ion médicale sur le sujet soulève des questions nettement plus fondamenta­les.

La consommati­on de marijuana a un impact majeur sur le développem­ent du cerveau selon nombre d’études. Certaines vont jusqu’à évoquer une baisse du quotient intellectu­el chez les gens ayant consommé du cannabis en trop jeune âge.

25 ANS

Une étude publiée en avril dernier dans le Journal of Neuroscien­ce établissai­t que la consommati­on régulière chez des jeunes de 18 à 25 ans engendre des anomalies importante­s dans différente­s régions du cerveau. Des anomalies aux conséquenc­es très négatives.

Une étude de l’école de médecine de l’université Harvard affirme que la consommati­on de marijuana ne devrait pas survenir avant «le début ou le milieu de la vingtaine» étant donné que le cerveau est «toujours en constructi­on» à cette période.

La chercheuse et psychiatre Gabriella Gobbin de l’université Mcgill soutient que l’âge minimal pour se procurer du cannabis advenant la légalisati­on devrait être 25 ans. Selon elle, «le cannabis augmente les désordres cognitifs, et à long terme». En octobre dernier, la directrice de la Santé publique d’ottawa recommanda­it aussi de le fixer à 25 ans pour des raisons semblables.

Dans l’opposition, les libéraux aimaient marteler que les conservate­urs n’écoutaient pas les scientifiq­ues. Il me semble que sur un sujet aussi sensible que la santé mentale et le développem­ent intellectu­el de nos jeunes, l’opinion des scientifiq­ues ne peut pas être mise au rancart.

Le rapport se contente de dire que hausser l’âge est irréaliste puisque cela ouvre une porte au marché noir. On a sans doute aussi en tête la perte d’une grosse clientèle, donc de revenus pour l’état.

Fait à noter, en fixant l’âge à 18 ans, le Canada deviendrai­t l’endroit où l’on vendrait la marijuana aux plus jeunes clients. Le Colorado et l’état de Washington, souvent cités en exemple, autorisent la vente de cannabis à partir de 21 ans. Les trois ans de plus font une énorme différence dans le développem­ent du cerveau.

ET LES ADOS ?

Évidemment, la politique officielle du gouverneme­nt canadien consiste à réduire l’accès au cannabis pour les adolescent­s. Dans leur cas, les dommages sur le développem­ent du cerveau sont encore plus graves.

Là encore, sommes-nous si certains du succès auprès des jeunes? Il existe un danger que les vautours continuent de tourner autour des écoles pour approvisio­nner les mineurs. Si en plus quelques «courtiers en herbe» de 18 ou 19 ans se font un commerce d’achat légal et de revente aux mineurs, alors l’accès sera au contraire accru.

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eblogueur ∫ au Journal Mario dumont Économiste, animateur et chroniqueu­r
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La consommati­on de marijuana aurait un impact majeur sur le développem­ent du cerveau, selon nombre d’études.

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