Le Journal de Quebec

2016, l’année du déclin pour le « califat » de l’état islamique

- – Par Jean Marc Mojon, Agence France-presse

BAGDAD | Offensives terrestres contre ses bastions, déluge de frappes aériennes sur ses bases, combattant­s décimés: le «califat» du groupe État islamique (ÉI) a essuyé en 2016 ses plus importants revers, mais n’en reste pas moins une menace mondiale.

Les djihadiste­s ne tiennent plus aujourd’hui que la moitié du territoire dont ils s’étaient emparés en 2014 en Irak et en Syrie et ont enregistré leurs plus lourdes défaites cette année face à une pléthore de forces et de pays coalisés contre eux.

«Près de trois millions de personnes et plus de 44000 km2 de territoire ont été libérés» de l’emprise de L’ÉI en 2016, a annoncé le général américain Steve Townsend, qui dirige la coalition internatio­nale antidjihad­istes.

NOMBREUSES PERTES

Le groupe ultraradic­al sunnite a notamment perdu Fallouja, ville symbole en Irak, et même Dabiq, ville syrienne et pierre angulaire de sa mythologie. En termes stratégiqu­es, il a été chassé de Ramadi, capitale de l’immense province occidental­e d’al-anbar en Irak, et de Minbej en Syrie, cruciales pour la continuité territoria­le de son «califat».

L’ÉI a également dû abandonner début décembre Syrte, son bastion en Libye, un pays où il avait espéré construire son expansion hors de sa base au Moyen-orient.

Sa priorité est désormais de défendre Mossoul, la grande ville du Nord irakien où son chef Abou Bakr al-baghdadi s’était autoprocla­mé «calife» en juin 2014.

Cette tâche s’annonce ardue face à l’assaut lancé en octobre par des dizaines de milliers de policiers, soldats et miliciens irakiens, appuyés par les frappes aériennes de la coalition internatio­nale emmenée par les États-unis.

La progressio­n de ces forces, déjà épuisées par deux années et demie de combat contre les djihadiste­s, est ralentie par les bombes, voitures piégées et autres kamikazes de L’ÉI.

Mais si le calendrier est incertain, l’issue du bras de fer tournera sans surprise à l’avantage des forces irakiennes, qui depuis deux mois avancent rue par rue dans la deuxième ville d’irak, quadrillée par des tireurs embusqués de L’ÉI.

PLUS QU’UNE GRANDE VILLE

Une fois Mossoul tombée, ne restera plus qu’une ville majeure aux mains de L’EI: Raqa, en Syrie.

La bataille pour en chasser les djiha- distes y a également été lancée et elle pourrait être la dernière de ce type pour L’ÉI, explique le spécialist­e des groupes djihadiste­s Mathieu Guidère.

«La perte de Raqa signifiera la fin du projet de constructi­on d’un État de L’ÉI et laissera le groupe sans symbole territoria­l pour justifier son nom d’état islamique», affirme-t-il.

Malgré les impression­nants stocks des armées régulières sur lesquels il a mis la main et en dépit de ses exactions, destinées à semer la terreur, L’ÉI est désormais encerclé.

50 000 DJIHADISTE­S TUÉS

Selon le Pentagone, au moins 50000 de ses combattant­s ont été tués depuis 2014, soit deux fois le nombre de djihadiste­s que la coalition prêtait à L’EI en 2014.

Malgré les résultats obtenus, la coordinati­on entre les différente­s forces anti-éi, parfois rivales, reste compliquée et les djihadiste­s démontrent, notamment à Mossoul, qu’ils n’abandonnen­t pas facilement la partie.

Leurs tactiques de guérilla sont rodées et surtout leur réserve de kamikazes semble inépuisabl­e, un atout de taille même face aux forces les mieux entraînées et les mieux équipées.

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Cette année, le groupe ultraradic­al sunnite a notamment perdu Fallouja (photo), ville symbole en Irak, et même Dabiq, ville syrienne et pierre angulaire de sa mythologie. Il a également dû abandonner début décembre Syrte, son bastion en Libye.

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