Le Journal de Quebec

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Des Syriens déjà intégrés

- TAÏEB MOALLA

Installée à Québec depuis dix mois, Marwa Rifai, réfugiée syrienne de 30 ans, est une femme souriante et extrêmemen­t sociable. Mais sous des airs joyeux se cache la triste histoire d’une mère qui a dû se séparer de ses trois enfants restés en Syrie.

«Les gens qui rient tout le temps ne sont pas toujours heureux. Parfois, ils ont des blessures profondes», prévient-elle d’emblée. Après un divorce houleux, la garde exclusive des enfants a été obtenue par son ancien mari. Encore aujourd’hui, Marwa ne peut leur parler qu’une fois par semaine.

Au début des années 2010, la Syrie sombre dans la guerre civile. Parallèlem­ent, la famille Rifai vit une tragédie. Selim, le frère aîné de Marwa, disparaît du jour au lendemain. Arrêté à l’été 2012 par la police politique, il ne réapparaît­ra jamais. Plus tard, on dira à sa famille qu’il est mort, sans lui apporter la moindre preuve.

EXIL VERS LA TURQUIE

Adnane, père de Marwa, est embastillé et torturé pendant trois jours. L’étau se resserre sur cette famille prospère qui jure n’avoir aucun engagement politique. L’exil vers la Turquie apparaît comme la seule solution pour se sauver du chaos ambiant. «En quittant clandestin­ement la Syrie à la fin 2014, je me disais que je ne reverrais plus jamais mes enfants. Je suis tombée en dépression», relate Marwa.

Un an plus tard, la famille apprend que le Canada est prêt à accueillir des réfugiés syriens. Les procédures sont extrêmemen­t rapides, et la famille Rifai débarque à Québec le 14 février 2016. Marwa raconte une arrivée difficile, en plein hiver, dans une ville qui parle une langue totalement inconnue. «L’accueil des gens a été merveilleu­x, décritelle. Ici, je me sens en sécurité quand je vois un policier dans la rue. Là-bas, c’était exactement le contraire.»

LA VIE CONTINUE

Alors que son niveau de français s’améliore, Marwa travaille depuis deux mois comme aide-cuisinière. Ambitieuse, elle assure qu’elle ouvrira bientôt son propre restaurant. La jeune femme a également promis à ses enfants qu’elle trouvera un jour le moyen de les emmener à Québec. «Je ne suis pas sûre que mon plus jeune fils, Yazan, cinq ans, reconnaîtr­ait mon visage aujourd’hui», souffle-t-elle, en peinant à retenir ses larmes.

Entre-temps, la vie continue. Marwa Rifai vient de se remarier. Mieux encore, elle attend un enfant qui viendra bientôt au monde et qui voudra sûrement connaître ses demisoeurs et son demi-frère.

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Marwa Rifai rit de bon coeur malgré les difficulté­s que lui réserve la vie.

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