Un médecin de famille fustige la réforme Barrette
Les cliniques de proximité vouées à disparaître, dit-il
On s’en va vers la disparition des cliniques de proximité pour favoriser des supercliniques qui vont faire de plus en plus de place au privé, appréhende le Dr Bruno Tremblay, médecin de famille dans le secteur Courville, à Québec.
«Notre système de santé fait dur! Toutes les cliniques médicales de Québec sont à la recherche de médecins. Or, le ministre Barrette autorise la venue de neuf nouveaux médecins dans le secteur Lebourgneuf, où l’on construit une superclinique. Ça paraît mal», fustige le médecin qui exerce depuis 37 ans.
Sa clinique de quartier ne compte plus que quatre médecins. «On n’a eu aucun recrutement depuis 1988! C’est le cas de la majorité des cliniques de proximité comme la nôtre qui n’ont pas de relève et sont vouées à l’extinction. Le fait que nous sommes affiliés avec la clinique des Promenades Beauport nous permet de rester en vie», soulève le Dr Tremblay.
DÉPARTS À LA RETRAITE
Au cours des cinq dernières années, l’ensemble des petites cliniques de quartier n’a eu droit qu’à deux nouveaux mé- decins dans les plans d’effectifs, dit-il. «Dans la région de Québec, une centaine de médecins de famille sont âgés de 62 à 72 ans. Quatre ou cinq médecins prennent leur retraite à la fin de décembre. À chaque départ, ce sont facilement 1500 patients qui deviennent orphelins», constate le Dr Tremblay.
Lui-même a plus de 1600 patients inscrits, dont près de 900 personnes vulnérables. Il travaille 45 à 48 heures par semaine. «Une consultation dure 20 à 30minutes. C’est plus payant de faire du sans rendez-vous à 5 ou 7 minutes par patient, mais je préfère le genre de médecine que je fais ici», souligne le Dr Tremblay, qui, si l’on en juge par le site Ratemds, est très apprécié de ses patients.
« JE SUIS OBLIGÉ DE LEUR DIRE NON »
«Le ministre Barrette veut que les médecins de famille prennent davantage de patients. Le problème, c’est d’arriver à les soigner. Au moins deux patients par semaine me demandent de prendre un proche. Je suis obligé de leur dire non», illustre le médecin.
Selon lui, la volonté du ministre que les supercliniques ouvrent jusqu’à 20 h, la fin de semaine, «ne repose sur rien». «Le médecin qui travaille 12 heures, le samedi, au sans rendez-vous, sera moins disponible, la semaine, pour ses patients.»