Messie malgré lui : le cas du Che

L’homme se fabrique des dieux petits et grands, des idoles, des saints, des légendes, des héros, etc. Certains manient le hockey: Maurice Richard. D’autres le chapelet: saint frère André. D’autres L’AK-47: Ernesto «Che» Guevara. Sur les traces de ce dernier, je reviens d’un voyage en Bolivie où j’ai visité le bled perdu dans la jungle où l’idéaliste révolutionnaire a trouvé la mort, exécuté.

Noël arrive, alors je veux vous parler de pardon. Il ne reste rien de la haine des autorités boliviennes pour le Che. Au contraire, La Paz a nommé une route en son honneur. Et moi, suis-je fâché contre la Bolivie d’avoir éliminé mon héros? Non, je me dis que c’était d’autres gens, à une autre époque, dans d’autres circonstances.

Bref, la Bolivie ne se sent plus fière ou coupable d’avoir liquidé le nouveau messie qu’est devenu le Che.

RIEL ET DALLAS

Pensons aussi à Louis Riel. Qui enrage encore en songeant à sa pendaison? Et du côté du Canada, on l’a reconnu, non plus comme un ennemi de la Couronne à abattre et à exécrer, mais comme un héros.

Pensons aussi à Dallas – pour prendre le cas d’une ville – et à sa honte du 22 novembre 1963. L’assassinat de John F. Kennedy humiliait la ville. Et le reste du pays la pointait du doigt. Plusieurs habitants mentaient sur leur ville d’origine lorsqu’ils voyageaient… Cette page d’histoire a été tournée.

PAUVRE IDOLE

En Bolivie, même avec Evo Morales, le premier président amérindien de Bolivie qui en est à son troisième mandat, la misère persiste.

Pauvre Che! Il n’a pas accompli la Révolution. Et il est devenu une icône devant laquelle, comme avec la Vierge ou le Christ, les malheureux allument des lampions…

Au lieu de bouleverser les manies religieuses du petit peuple docile, il les a, par l’idolâtrie qu’il suscite, confortées.