Le Journal de Quebec

Le casse-tête de La Légalisati­on du pot

Les enjeux de santé, de sécurité et de justice ne laissent personne indifféren­t

- MARIA Mourani

Partout au Canada, l'accès au cannabis et à sa consommati­on reste délicat. Les enjeux de santé, de sécurité, de politique et de justice ne laissent personne indifféren­t.

Le gouverneme­nt du Canada cherche à créer un nouveau système pour légaliser, réglemente­r et limiter l'accès au cannabis. Un rapport de 123 pages a été déposé le 30 novembre 2016. Pendant six mois, les membres ont écouté des parents, des patients, des médecins praticiens, des politicien­s, des policiers et des médias. Il a remis ses recommanda­tions au gouverneme­nt de Justin Trudeau qui déterminer­a ce qu’il en retient. Le groupe reconnaît que les connaissan­ces actuelles au sujet des effets du cannabis sur la santé comportent toujours des lacunes.

La mise en place d'un nouveau système risque d’être plus compliquée que prévu et la consommati­on ne sera pas si simple pour tous.

Plus tôt cette semaine, Justin Trudeau s'est dit favorable à l’idée de fixer à 18 ans l’âge minimal selon lequel les jeunes pourront consommer légalement du cannabis.

« L'ÉTAT TRAFIQUANT »

Selon l'ancienne députée Maria Mourani, criminolog­ue spécialisé­e dans les gangs de rue et le crime organisé, le casse-tête des parents risque d'être terrible lorsque viendra le moment de discuter de la consommati­on de cannabis avec leurs enfants. «Je suis étonnée qu'on puisse établir un âge minimum. On sait très bien que la marijuana a un impact réel sur le cerveau des jeunes. Il y a un manque dans le rapport à ce sujet. Il n'y a pas de réflexion scientifiq­ue», affirme Mme Mourani.

L'ex-politicien­ne aurait d'ailleurs préféré une étude sur la question suivante: «Devons-nous légaliser ou non? Et pourquoi?» Le rapport ne contient donc pas d'arguments contre la légalisati­on souhaitée par Ottawa.

AUCUNE URGENCE

Comme experte, Mme Mourani estime qu'il n'y a aucune urgence à adopter une approche nationale aussi avant-gardiste. Elle croit aussi que le crime organisé continuera à vendre moins cher du pot plus fort en THC aux mineurs.

«Ça ne demande pas un doctorat pour comprendre qu'il faut juste décriminal­iser la possession simple. Tu peux fumer ton joint sans aller en prison.»

Maria Mourani souligne que les parents auront désormais une difficulté énorme à faire comprendre aux enfants que la marijuana est nuisible à la santé. «S'ils vivent dans une société où même le premier ministre a fumé, le parent est mieux d'accrocher sa tuque parce qu'il ne pourra rien dire.»

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Cette militante favorable à la légalisati­on du cannabis avait fait connaître ses couleurs sur la Colline Parlementa­ire, à Ottawa, en avril dernier, à l’occasion de la Journée internatio­nale de la marijuana.

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