En brisant sa promesse, Trudeau alimente le cynisme
En reniant sa promesse de modifier le mode de scrutin fédéral, Justin Trudeau alimente le «cynisme» et lance le message que son gouvernement n’est «pas fiable», selon des experts consultés par Le Journal.
Après avoir promis à maintes reprises que l’élection de 2015 serait la dernière à être menée selon le système électoral majoritaire à un tour, le premier ministre a mis fin au suspense mercredi en faisant volte-face.
«Beaucoup de gens vont perdre confiance dans la parole des libéraux et ça pourrait se retourner contre eux», est d’avis la professeure de science politique de l’université d’ottawa Geneviève Tellier.
Elle reconnaît que le thème de la réforme électorale reste en soi «technique» pour plusieurs Canadiens, mais rappelle que les libéraux fédéraux avaient promis du changement et de gouverner autrement.
LES « VIEUX LIBÉRAUX »
«Là, on a l’impression de voir les “vieux libéraux” revenir sur la scène», dit-elle. Selon elle, ils n’auront plus de «crédibilité», maintenant, quand ils diront qu’ils «incarnent le changement».
C’est aussi l’avis du spécialiste des communications politiques et des stratégies des partis politiques à l’université Laval Thierry Giasson, selon qui cette décision sera «très dommageable» pour l’image du parti.
«C’est important [...] d’agir selon ses convictions et je pense que beaucoup de Canadiens attendaient ça de ce gouvernement. Et là, ce qu’ils vont voir, c’est un gouvernement qui renie ses convictions», explique-t-il.
M. Giasson craint que la décision du gouvernement Trudeau n’envoie aux politiciens le message qu’il est «risqué» de s’engager fermement comme l’a fait le premier ministre et que cela ne mène à un «discours politique impressionniste», avec des «engagements flous».
Si, à court terme, cette décision risque de faire mal aux libéraux, il est encore trop tôt, selon les experts, pour dire si ce sera le cas lors des élections de 2019.
DES CONSÉQUENCES À LONG TERME ?
«À plus long terme, c’est moins évident, parce que, malgré le fait qu’on en parle beaucoup, la réforme du mode de scrutin n’est pas un sujet qui emballe les Canadiens», souligne le politologue de l’université de Sherbrooke Emmanuel Choquette.