P’tite kékette, grosse mitraillette
Le fait que le candidat conservateur Kevin O’leary ait choisi le jour des funérailles des victimes de la tuerie de Québec pour diffuser une vidéo le montrant en train de tirer de la mitraillette est un manque de jugement de proportion intergalactique, tout le monde s’entend.
Au mieux, le gars a l’air déconnecté de ce qui se passe dans son pays. Au pire, il a l’air de s’en foutre.
Un ou l’autre, c’est pas fort.
RAMBO CONTRE LA REINE DES NEIGES
Mais mettons qu’il n’y aurait pas eu de massacre, dimanche dernier. Donc, pas de funérailles jeudi.
Monsieur O’leary pensait-il vraiment que la diffusion de cette vidéo ridicule et grotesque allait aider sa campagne au leadership?
On tripe là-dessus, nous autres, au Canada, les gars qui tirent à la mitraillette?
Ça nous excite? Ça nous rend «tout chose»?
On se dit: «Wow, quel homme, quel leader»?
On a les genoux qui vacillent, comme les Russes quand ils voient Poutine tirer du gun dans le bois, en bedaine, un 40 onces de vodka entre les jambes? Euh… non. Déjà qu’on est pognés avec Justin Kumbaya, on ne le remplacera quand même pas par Sylvester Stallone.
Entre La Reine des Neiges et Rambo IV, il doit y avoir un juste milieu, non?
Oui, il y a des Canadiens de droite. Il y en a même beaucoup.
Mais on parle ici de «droite économique»: baisse d’impôts, contrôle rigoureux des dépenses, meilleure gestion des finances publiques, réduction de la dette, accent mis sur la responsabilité personnelle plutôt que sur le gouvernemaman, etc.
Ça n’a rien à voir avec la droite morale et musclée des Américains!
DES GROSSES DOUILLES
La semaine dernière, à l’émission que je coanime sur une radio de Québec (vous viendrez m’arrêter après la lecture de mon texte…), je discutais de l’obsession des armes à feu avec le psychiatre Gilles Chamberland.
Pas les simples fusils de chasse, non, mais les grosses armes semi-automatiques – les kalachnikovs, les AK-47, etc.
C’est souvent le signe d’une virilité défaillante, m’a dit le docteur. Le gars ne se sent pas suffisamment viril et il compense en maniant des gros guns phalliques qui tirent de grosses douilles fumantes.
Ça lui donne un sentiment de puissance.
Le psychologue Pierre Faubert m’a dit la même chose. P’tite kékette, grosse mitraillette. (Je ne dis pas que monsieur O’leary est mal pourvu par la nature, juste que c’est l’impression que plusieurs personnes ont quand ils voient des gars souligner leur machisme à gros traits en déchargeant – le jeu de mots est volontaire – leurs gros guns.)
HUILER SES MUSCLES
Vous voulez un leader viril, chers amis conservateurs? J’en ai un: Rona Ambrose. Elle porte peut-être une robe et du rouge à lèvres, mais cette femme décoiffe plus que Steven Segal, Dolph Lundgren, Chuck Norris, Arnold Schwarzenegger, Jean-claude Van Damme et Jason Statham réunis autour d’un bol de Viagra.
Malheureusement, madame Ambrose ne peut (ni ne veut, semble-t-il) diriger votre parti…
Si la droite veut gagner, elle n’a pas besoin de se huiler, d’exhiber ses muscles ou de tirer dans le tas.
Juste de prouver qu’elle sera imputable et responsable.