Le Journal de Quebec

La réponse du coeur

- CLAUDE VILLENEUVE eblogueur ∫ des Spin Doctors

C’est assez rare que ça mérite d’être souligné. Cette semaine, nos politicien­s nous ont donné à toutes et à tous des raisons d’être fiers dans leur réponse à la tragédie de la mosquée de Sainte-foy.

On avait besoin de ça. Nous sommes blessés et, quelque part, humiliés qu’un acte aussi odieux ait été perpétré contre un groupe vulnérable dans notre pays paisible.

Nos élus se devaient de transmettr­e ce sentiment et de le faire avec des mots qui consolent et qui apaisent. Les membres de la communauté musulmane ont également tenu des discours inspirants de mansuétude et de générosité.

AU-DESSUS DE LA MÊLÉE

La fonction exécutive procure cette posture au chef du gouverneme­nt. C’est Philippe Couillard qui avait la tâche de parler au nom de chacun d’entre nous.

Il n’a pas démérité, au contraire. Réputé froid et distant, notre premier ministre a fait montre d’une belle chaleur et d’une grande éloquence pour nommer notre douleur et saluer la participat­ion admirable de milliers de citoyens à la vigile de lundi.

Comme peu de fois depuis son accession à la primature, on a senti que Philippe Couillard ne parlait pas que pour lui-même, son parti ou son gouverneme­nt, mais bien pour tous les Québécois. Au-dessus de la mêlée, il habitait sa fonction.

Quant à Régis Labeaume, il a les défauts de ses qualités. On évoque souvent son caractère bouillant. Sa peine non dissimulée devant l’événement odieux de dimanche exprimait cette fois l’émotion que nous ressention­s tous.

RECONNAÎTR­E SES TORTS

Le seul couac est malheureus­ement venu du côté d’amir Khadir. Viser des coupables alors qu’il est temps de consoler témoigne d’un troublant manque de jugement et de maturité.

François Legault et Jean-françois Lisée étaient plus vulnérable­s cette semaine. Des déclaratio­ns passées et un certain passif au compte de leur parti quant à leurs relations avec la communauté arabomusul­mane les forçaient à choisir soigneusem­ent leurs mots.

Plus exposé, alors que son caucus se réunissait, le chef du Parti québécois s’est grandi en admettant en avoir déjà trop mis en manipulant les dossiers identitair­es. Il a eu raison de rappeler qu’il fallait pouvoir continuer à discuter des questions liées à l’immigratio­n, l’intégratio­n et la laïcité, mais que le ton de- vait changer. De tous les côtés.

SANS ÉCLAT DE VOIX

La nuance compte souvent au nombre des victimes lorsque surviennen­t de tels événements. Entre les vociférati­ons qu’on lit sur le web d’un côté et la police de la rectitude qui assimile tout discours d’affirmatio­n à une forme de xénophobie de l’autre, il faut retrouver une troisième voie.

Cette semaine, ce que l’on a surtout vu, ce sont des Québécois de confession musulmane qui ont le Québec dans leur coeur et des milliers de citoyens qui ont ouvert le leur pour exprimer leur peine.

En nous parlant sans éclat de voix, comme l’ont fait nos politicien­s cette semaine, nous bâtirons ensemble une société plus parfaite.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada