Le Journal de Quebec

Samir Ghrib n’a pas été surpris par la tuerie

L’entraîneur de soccer masculin du Rouge et Or prône un rapprochem­ent entre les peuples

- Richard Boutin l Rboutinjdq

Débarqué à Québec en 1984 de sa Tunisie natale, Samir Ghrib adore son nouveau chez-soi et vante l’accueil qu’il a reçu à son arrivée en sol québécois, mais il n’a pas été surpris par l’attentat qui a frappé ses frères musulmans à la Grande mosquée, dimanche soir.

«Ce fut un choc qu’une telle attaque se produise à Québec la ville paisible, mais je ne suis pas surpris, a raconté l’entraîneur-chef du programme de soccer masculin du Rouge et Or de l’université Laval. Ce serait se mettre la tête dans le sable de prétendre à la surprise.»

«Il y a des indices de la haine qui se manifeste partout dans le monde par le biais des réseaux sociaux, poursuit Ghrib qui a écrit un blogue sur le site du Rouge et Or. Cette haine ne touche pas seulement les musulmans, mais nous en prenons une bonne part en raison de ce qui se passe ailleurs dans le monde.»

Présent à la veillée de solidarité, lundi, en compagnie de sa fille de 14 ans, Ghrib a été envahi par un sentiment de fierté. «Il y avait une belle communion dans la foule silencieus­e et je ne me suis jamais senti aussi fier d’être Québécois, a-t-il exprimé. J’ai aussi bien aimé la réaction des politicien­s. Il y aura toujours des individus qui commettron­t des gestes impensable­s, mais c’était rassurant de voir la réaction des gens. J’espère que la prise de conscience va se poursuivre.»

Ghrib estime qu’un débat doit se faire. «On ne doit pas avoir peur de faire un débat, a-t-il souligné. C’est un gros défi, mais on doit faire un débat de façon sereine. Il y a un besoin de vulgariser. On a besoin de médias éclairés et de politicien­s qui ne tentent pas de faire des gains politiques en misant sur les préjugés parce que c’est dangereux.»

«Les gens qui affirment qu’il y a trop d’immigrants, il ne faut pas les accuser de racisme, ajoute l’entraîneur de carrière. Il faut plutôt les éduquer afin de rapprocher les peuples. Il faut désamorcer les conflits et expliquer. L’intégratio­n doit se faire dans les deux sens.»

CHANDAIL BLANC ET BRASSARD

Ghrib a senti le besoin de discuter de la situation avec ses joueurs, mardi soir. «J’ai dit aux gars qu’on pouvait faire une différence positive contrairem­ent au meurtrier qui a fait une différence négative, a-t-il indiqué. Comme dans une équipe sportive, on doit faire tomber les barrières. Dans le sport, une équipe ne fonctionne pas s’il y a un concept d’eux et de nous. C’est la même chose en société.»

À l’occasion de leur match amical face à l’académie de l’impact, dimanche à 15 h 30 au PEPS, les joueurs du Rouge et Or porteront avant la rencontre un chandail blanc par-dessus leur uniforme de match avec une devise rassembleu­se qui reste à déterminer ainsi qu’un brassard au bras gauche, en plus de tenir une minute de silence à la mémoire des six victimes.

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Samir Ghrib est arrivé au Québec en 1984.
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