« Il faut rendre ça criminel »
Une contravention ne suffit plus, selon les proches d’une victime du cellulaire au volant
La famille d’une jeune femme qui s’est tuée en répondant à un texto au volant souhaite qu’on durcisse les sanctions envers les conducteurs fautifs, quitte à imposer la prison aux récidivistes, comme on l’a fait pour la conduite en état d’ébriété.
«La justice doit prendre ce problème plus au sérieux. On ne devrait pas simplement donner des contraventions. Ce n’est pas assez. Il faut rendre ça criminel», lance Sally Ahmadi, dont la soeur Sanaz est décédée dans une collision imputée à une mauvaise utilisation du cellulaire.
Le 24 décembre 2010, la jeune femme de 22 ans circulait sur l’autoroute 720, à Montréal, lorsqu’elle a perdu le contrôle de son véhicule, qui a fait trois tonneaux.
Un accident causé par la distraction, a conclu le coroner.
INTERCEPTÉE AVANT LE DRAME
Sanaz avait en effet une bien mauvaise habitude: elle parlait souvent au téléphone ou envoyait des textos alors qu’elle conduisait.
«On lui disait d’être prudente. Quand je la voyais prendre un appel, je lui disais de garder ses deux mains sur le volant», se désole encore sa soeur.
Elle avait pourtant déjà été interceptée par la police avec son cellulaire au volant. Selon Mme Ahmadi, le message de sensibilisation ne passe pas du tout et ne remettre qu’une contravention au conducteur n’est plus suffisant.
«Ma soeur, elle s’est mise en danger. Je ne suis pas contente d’avoir perdu ma soeur. Mais je réalise qu’elle aurait pu faire du mal à d’autres personnes aussi», dit-elle.
« LES GPS SUR LES CELLULAIRES, C’EST LA PIRE CHOSE. TU DOIS REGARDER TON APPAREIL, TU PERDS COMPLÈTEMENT LA LA ROUTE DE VUE. » – Sally Ahmadi
NOËL, C’EST FINI !
Depuis le drame, la période des Fêtes est définitivement assombrie pour la fa- mille de la jeune femme.
«Le jour de sa mort, ça me rappelle qu’un 24 décembre, deux policiers sont venus cogner à la porte chez ma mère pour nous remettre le portefeuille de Sanaz et nous annoncer qu’elle avait eu un accident et qu’elle était décédée», souffle Sally Ahmadi, qui habite maintenant aux États-unis.
Et celle-ci ne célèbre pas plus son anniversaire, le 23 décembre.
«La veille de son décès, Sanaz m’avait organisé une fête surprise chez elle. J’avais dormi là. C’est un très beau souvenir», confie Mme Ahmadi.
«Je ne veux plus rien faire à cette période. On n’a plus de joie, c’est difficile pour toute la famille», ajoute-t-elle.
GPS MAUDIT
Amatrice de vitesse plus jeune, Sally Ahmadi avoue aujourd’hui être plus prudente sur la route depuis l’accident de sa soeur. Elle est d’ailleurs très à cheval concernant la distraction au volant. Cela peut même devenir une source de conflit avec ses proches qui dérogent aux règles de la sécurité routière.
«Parfois, je me chicane avec mon mari parce qu’il utilise souvent son GPS sur son cellulaire. Je déteste qu’il y ait des GPS sur les cellulaires. À mon avis, c’est la pire chose; tu dois regarder ton appareil et tu perds complètement la route de vue», s’insurge-t-elle.
D’ailleurs, lorsqu’elle est décédée, Sanaz se rendait chez un ami et tentait de trouver son chemin sur son cellulaire.
«Son ami a déclaré aux policiers que la victime ne connaissait pas très bien la route à suivre et qu’il lui avait envoyé un courriel pour lui indiquer l’itinéraire», a écrit Me Pierre Bélisle dans son rapport de coroner.