Il a financé son commerce avec des dons du public
Un entrepreneur indique avoir créé son entreprise grâce à un organisme qu’il a fondé
Un entrepreneur de Lévis admet avoir financé en partie son commerce à l’aide de dons amassés au Québec par InfoJeunes, un organisme qu’il a créé en 1999 et qui prétend venir en aide aux jeunes sept jours sur sept.
Emanuel Filion, propriétaire du Groupe Filion, est également fondateur d’info-jeunes. Récemment, une campagne de sociofinancement a été lancée sur Gofundme, avec l’objectif d’amasser 129 000 $ pour son organisme Info-jeunes.
Le Journal a constaté que les bureaux d’infoJeunes sont situés à même les locaux de l’imprimerie du Groupe Filion, située sur l’avenue Taniata à Lévis.
Interrogé sur les liens entre les deux entités, M. Filion a admis que l’imprimerie existe en partie grâce à Info-jeunes. L’organisme, ayant eu de gros besoins en impression en 2006, a acquis une presse au montant de 5000 $.
«En 2007, on a voulu une machine plus performante. On a approché la compagnie Xerox, mais elle ne voulait pas louer à Info-jeunes. J’ai donc dû créer une entreprise lucrative, soit Jeunes imprimeurs dynamiques inc., pour procéder, a expliqué M. Filion. Jeunes imprimeurs dynamiques inc. est devenue Groupe Filion.» Le Journal lui a demandé si son entreprise d’impression existe aujourd’hui grâce à Info-jeunes.
«Vous pouvez voir ça comme ça, exactement», a-t-il répondu.
INQUIÉTUDE ET INCOMPRÉHENSION
M. Filion soutient qu’info-jeunes réfère les personnes qui appellent à d’autres organismes reconnus, tels que Jeunesse J’écoute, Tel-jeunes, Allô prof et les Auberges du Coeur.
Mis au fait de cette pratique, certains organismes ont manifesté de l’inquiétude et de l’incompréhension. «C’est nuisible. Ça sème la confusion chez les jeunes, chez le public et auprès de ceux chez qui il récolte les sous», af- firme Céline Muloin, directrice générale de la Fondation Tel-jeunes. «Ce n’est pas pertinent (Info-jeunes). Aujourd’hui, les jeunes peuvent trouver de l’aide tellement facilement», renchérit Mélanie Deblois, adjointe administrative à l’adoberge, membre des Auberges du Coeur.
M. Filion a refusé de préciser les sommes amassées et le nombre de jeunes aidés par son organisme annuellement.
PAS D’EMPLOYÉ À TEMPS PLEIN
De plus, il a admis au Journal ne pas avoir d’employé à temps plein affecté à répondre aux appels, même si le site internet d’infoJeunes soutient être ouvert sept jours sur sept.
Lorsque Le Journal a téléphoné à la ligne d’assistance d’info-jeunes, il a été impossible d’obtenir de l’aide. «Excuse-moi, mais quand je travaille à l’imprimerie, je ne peux pas aller en bas répondre à Info-jeunes. Nous ne sommes pas le 9-1-1, s’est défendu M. Filion. On n’a pas les moyens d’engager une secrétaire ni une intervenante à temps plein pour répondre.»