Au moins 3 profs sanctionnés pour inconduite sexuelle
Un portrait toutefois incomplet dans les universités
Depuis 10 ans, au moins trois professeurs d’université ont été sanctionnés pour inconduite sexuelle, a appris Le Journal. Ce portrait est toutefois incomplet puisque la moitié des universités québécoises ont refusé de nous transmettre leurs informations.
À la suite d’une demande d’accès à l’information, ces établissements ont évoqué la protection de renseignements confidentiels ou l’absence de document disponible à ce sujet pour justifier leur décision.
SUJET TABOU
Or, cinq autres universités nous ont plutôt transmis les informations demandées. À l’université Laval, un chargé de cours a été congédié et deux employés (un professeur et un employé de soutien) ont fait l’objet de mesures disciplinaires depuis 10 ans.
L’université de Sherbrooke a congédié un professeur pour inconduite sexuelle, alors qu’aucun cas n’est survenu dans les universités du Québec en Outaouais, à Trois-rivières et en Abitibi-témiscamingue. L’université Bishop a de son côté sanctionné un employé.
À la Fédération québécoise des professeurs d’université (FQPPU), on s’étonne du manque de transparence de certaines universités.
«On peut imaginer que celles où le nombre de cas est le plus faible étaient les plus disposées à transmettre l’information», a laissé tomber son président, Jean-marie Lafortune. Ce dernier reconnaît que le sujet est sensible, même au sein de sa propre fédération.
Les syndicats membres ont refusé de transmettre ces informations à la FQPPU, qui aurait voulu documenter la situation avant de développer des outils de sensibilisation.
« TROUBLANT »
Sandrine Ricci, une des chercheuses qui a participé à une vaste enquête sur les violences sexuelles en milieu universitaire, considère que le manque de transparence de certaines universités est «troublant». «Ça fait partie des enjeux qu’on soulève. La culture du viol est une culture du silence et de l’impunité. Il y a une chape de plomb et c’est très problématique», affirme-t-elle.
Dans leur enquête, les auteurs recommandent notamment de forcer les universités à produire des données sur les violences sexuelles au sein de leur établissement.