Difficile de se protéger contre les copies
Les artisans québécois sont fréquemment victimes de plagiat, mais ils ont peu de recours pour se défendre, déplore le directeur général du Conseil des métiers d’art, Martin Thivierge.
«Il n’y a pas vraiment de protection adéquate, surtout à l’ère des réseaux sociaux», dit-il, ajoutant qu’auparavant les faussaires se promenaient avec des caméras dans les salons pour copier les artisans d’ici.
M. Thivierge souligne que, lorsque le plagiat se produit à l’étranger, il peut être très onéreux, pour de petits créateurs, d’embaucher un avocat pour prouver les dommages.
Le Conseil des métiers d’art a déjà dû intervenir auprès d’artisans qué- bécois qui s’inspiraient trop librement des créations de leurs confrères.
Une situation qu’a malheureusement souvent vécue l’ébéniste Benoît Émond, qui fait des jouets à SaintRoch-des-aulnaies.
«Beaucoup de gens s’inspirent de ce que je fais, mais je ne peux envoyer des espions partout», déclare-til.
Il y a 10 ans, il dénonçait même, dans les pages du Journal, comme Karine Foisy, des copies de ses jouets faites en Chine.
« C’EST SACRÉ »
Pour sa part, Martin Thivierge souligne que son organisme tente de conscientiser le public sur le travail des artisans et, surtout, sa valeur.
Pour le professeur de commerce à L’UQAM Benoît Duguay, les droits d’auteur, «c’est sacré».
«Les artistes doivent se défendre et ne pas avoir peur de réclamer des dommages», dit-il, tout en admettant que cela peut être long et coûteux.
ARTISANS VULNÉRABLES
Il remarque aussi que les artisans sont plus vulnérables que les auteurs ou les chanteurs, dont les droits d’auteur sont protégés plus farouchement par les maisons d’édition et de disques.
L’an dernier, plusieurs artistes en arts visuels se sont regroupés pour créer un site internet afin de dénoncer la chaîne de vêtements Zara, qu’ils accusent de copier leurs dessins sur ses vêtements, et défendre leurs oeuvres.