Le Journal de Quebec

Des gens rongés par la haine

- RICHARD LATENDRESS­E richard.latendress­e@quebecorme­dia.com

De deux choses l’une, soit ils ont toujours été là et se sentent enhardis à sortir de l’ombre, soit ce sont de récents convertis à l’intoléranc­e par les idées qui circulent depuis la dernière campagne présidenti­elle. Toujours est-il que les cas de racisme, d’antisémiti­sme, d’islamophob­ie, bref, de haine toute bête, se multiplien­t aux ÉtatsUnis et personne ne sait trop comment réagir.

La réaction morale normale, bien sûr, est de dénoncer cette étroitesse d’esprit, mais les fanatiques du rejet des autres ne semblent guère affectés. Il y a toujours la manière éthérée, genre «voeu pieux» à la Trump, telle qu’exprimée lors de sa conférence de presse avec le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.

«Je crois que vous allez voir des États-unis très différents au cours des trois, quatre ou huit prochaines années. Beaucoup de bonnes choses sont en train de se produire. Vous allez voir beaucoup d’amour.»

Le président a du pain sur la planche. Le Southern Poverty Law Center, un groupe de défense des droits civils, vient de dévoiler son rapport pour 2016, une «année record pour la haine». La campagne présidenti­elle de Donald Trump avec un programme anti-immigrant figure parmi les principale­s raisons de cette poussée d’intransige­ance.

SUR UN ÉLAN

On ne veut toutefois pas le tenir pour seul responsabl­e de toute cette haine. La pire tuerie de masse de l’histoire américaine, perpétrée au bar gai Pulse d’orlando, était un geste d’homophobie avec lequel le candidat républicai­n n’avait rien à voir.

Trump, par ailleurs, n’a rien inventé: il surfe sur une vague d’islamophob­ie qui roule depuis une quinzaine d’années et qui s’alimente de la peur qu’inspirent les actes terroriste­s commis, jour après jour, par des extrémiste­s musulmans un peu partout dans le monde.

N’écartons pas non plus l’autoradi- calisation des «loups solitaires», ces individus en mal de vivre à l’affût d’une raison ou d’une cause pour péter un plomb. J’ai relevé cette semaine, à ce propos, l’histoire de Benjamin Mcdowell. L’homme de 29 ans de Caroline du Sud a été arrêté après avoir essayé d’acheter une arme d’un agent du FBI en civil.

PERDU DANS SES IDÉES FOLLES

Il était dans la ligne de mire de l’agence fédérale depuis le début de l’année, après avoir laissé entendre sur Facebook qu’il allait attaquer une synagogue de Myrtle Beach. Le témoi- gnage de sa mère, recueilli par la station WBTW, est révélateur dans sa terrifiant­e naïveté.

Joann Clewis est une dame dépassée par les événements. Son fils partageait avec elle ses idées tordues: «Il disait: “Les juifs et les Pakistanai­s sont contre nous” et il citait la Bible.» Les juifs… et les Pakistanai­s, méchante confusion.

Mcdowell, toujours sur Facebook, voulait commettre «quelque chose à grande échelle… dans l’esprit de Dylann Roof». Roof est ce jeune raciste responsabl­e de la mort de neuf personnes dans une église noire de Char- leston, en Caroline du Sud, en juin 2015. Mcdowell avait confié à sa mère son admiration pour ce «garçon courageux… qui s’était tenu debout pour les Blancs».

Aucun doute, l’élection de Donald Trump a enfiévré une extrême droite qui a trouvé en lui le héros d’une Amérique blanche et chrétienne. Le pays est toutefois déchiré par bien d’autres forces (dont l’envie de se faire connaître à tout prix et une ignorance crasse) qui poussent à commettre des crimes terribles. Ce n’est pas parce que le chapeau est large qu’il faut toujours le faire porter à l’actuel président.

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