Le Journal de Quebec

Chapeau aux profs du préscolair­e

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Les profs du préscolair­e sont des bibittes extraterre­stres. Avec plein de bras, des yeux tout le tour de la tête et de la patience qui sort de partout.

Je suis passée par chez ma collègue et ses toutpetits cette semaine. C’était l’habillage pour le départ du midi. Mme Myriam mouche un nez. Et cherche une mitaine depuis de longues minutes. Vraiment patiemment. Et la trouve. J’aurais arrêté de chercher bien avant. Elle remet un bas humide. Déprend 3 fermetures éclair bloquées et faufile des petits bras dans des bretelles de sac à dos.

Sans oublier de féliciter Chloé qui n’a pas bousculé aux crochets.

En même temps qu’elle explique de loin à Éliane comment remplir son sac d’éducation physique pour qu’il ferme mieux.

Inviter, pour la 10e fois cette semaine, Louka à mettre ses élastiques de bas de pantalon de neige tout seul, par-dessus ses bottes. Parce qu’il est capable.

CASSE-NOISETTE

Une chorégraph­ie. Un ballet. Fluide. L’équilibre parfait entre aider les enfants et les laisser s’organiser et apprendre.

Honnêtemen­t, moi, je les habillerai­s. C’est clair. Je ferais comme une chaîne de montage. Tous en rang. Avec un porte-voix. Pantalon-bottes-manteau… et que ça saute!

Genre de réflexion qui me rappelle pourquoi je suis en 6e année et non au préscolair­e.

Je suis exténuée. J’ai un point dans le dos et je ne suis pas encore entrée dans la classe.

Où la danse se poursuit en après-midi.

C’est la valse de la préparatio­n du sac d’école avant le départ pour la maison. Puis des jeux libres ensuite. Deux méchants contrats, je me disais.

Non. Les fourmis sortent de tous les racoins de la classe. Et fourmillen­t. L’air sérieux. Comme si elles travaillai­ent pour la NASA ou L’ONU. Ça fonctionne et ça roule! Mme Myriam virevolte au-dessus de tout ça. Caresse les cheveux d’un Picasso dans le coin peinture. Qui peint je ne sais trop quoi. De l’art moderne et très abstrait.

Propose à Adrien de refaire son trajet en marchant. Pour la 3e fois en 20 minutes.

S’en suit un flot continu de sourires. De tapes dans le dos. De rappels pour le mot magique.

De clins d’oeil faits en secret pour souligner un beau geste à distance. De petits et grands coups de main. Une main de fer dans un gant de velours.

De rappels pour attendre son tour pour lui parler. De trucs pour tracer une tête de fée bien ronde dans un dessin.

Partager une peine. Perdre et ne plus se fâcher. Écrire des mots et en reconnaîtr­e. En lire, des fois. Jouer sans chicane. Les profs du préscolair­e enseignent sans arrêt. Tout. Des marathonie­nnes. Des coureuses de fond.

LES DEUX PÔLES

Certains niveaux scolaires nous collent définitive­ment plus à la peau que d’autres. Les profs des grands et les profs des petits sont vraiment différents. On est presque identifiab­les à l’oeil. Sans nous connaître.

Moi, c’est les grands que j’aime. Leur air, leurs paquets d’hormones, leurs premiers boutons. Et l’attitude qui vient avec.

Et j’avoue, un peu parce qu’ils s’habillent tout seuls.

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